L’UNITÉ ISLAMIQUE
19 November، 1998
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Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes.

Que les éloges, et le Salut soient sur notre Maître Mohamed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

RÉSOLUTION N°98 (1/11)

L’UNITÉ ISLAMIQUE

Le Conseil de l’Académie Internationale du Fiqh Islamique de l’Organisation de la Conférence islamique, réuni en sa onzième session à Manama, État du Bahreïn, du 25 au 30 Rajab 1419 H (14-19 novembre 1998) ;

Ayant examiné les études présentées à l’Académie concernant la question de l’unité islamique, et à la lumière des débats qui ont attiré l’attention sur le fait que cette question compte parmi les causes les plus importantes qu’il incombe à la Oumma islamique d’étudier sous le double aspect théorique et pratique et qu’œuvrer pour l’unité intellectuelle, législative et politique de la Oumma et d’affermissement de sa foi monothéiste pure, constitue l’un des objectifs primordiaux de cette Académie internationale;

DÉCIDE CE QUI SUIT :

Premièrement : L’unité islamique est un devoir et un commandement divin dont le Très Haut a fait un attribut indissociable de cette Oumma par l’injonction coranique : “Attachez- vous tous au Pacte de Dieu et ne vous divisez point”(Sourate La famille d’Imrân, v. 103), et la parole divine : “Cette communauté qui est la vôtre est une Communauté unique” (Sourate Les Prophètes, v. 92). Cette vérité trouve, au demeurant, son illustration dans la Sunna, dans les propos et les actes du Prophète (PSL), qui a dit : “ “La vie de tous les musulmans est de même valeur, ils sont une seule et même main contre les autres. L’asile offert par le plus modeste d’entre eux s’applique à eux tous”. Le Messager d’Allah (PSL) a, effectivement, réalisé cette unité par la fraternité entre les Mouhajirines et les Ansars.

Cette unité a été matérialisée par le tout premier document (constitution) de l’État islamique à Al-Madinah Al-Mounawarah où il est dit des musulmans qu’ils sont “une seule Nation parmi les Hommes”.

Ces textes, qu’il s’agisse de Versets coraniques ou de Hadiths, signifient que les Croyants doivent s’unir sous la bannière de l’Islam en s’attachant au Noble Livre et à la Sunna. Ils signifient également qu’ils doivent bannir les vieilles rancunes, le tribalisme, les ambitions personnelles et les bannières racistes. Quand il en avait été ainsi, à l’époque du Prophète (PSL) et dans les premiers temps de la Révélation, la religion et la Nation de l’Islam avaient prospéré et s’étaient étendues à l’Est comme à l’Ouest.

La Oumma conduisait alors la civilisation universelle par le biais de la civilisation de l’Islam, qui était la plus grande civilisation de l’époque, parce que fondée sur le culte d’Allah L’unique, et porteuse de justice, de liberté et d’égalité.

Deuxièmement : L’unité islamique réside dans la concrétisation de la soumission à Allah le Très-Haut par la croyance, par les actes et par la parole, en se conformant aux enseignements du Noble Livre d’Allah et de la Sunna du Prophète (PSL) et en préservant cette religion qui réunit les musulmans autour de la Parole de vérité, dans les différents domaines du vécu : intellectuel, économique, social et politique. Sitôt qu’elle avait dévié des fondements de son unité, la Oumma s’était trouvée engluée dans les querelles intestines. Les motifs de déchirement et de discorde n’ont fait que s’accentuer, et ce pour maintes raisons, dont les pratiques d’un colonialisme toujours prompt à appliquer la vieille recette du “ diviser pour régner”. Le colonisateur s’était empressé ainsi de diviser la Oumma, de la dépecer en morceaux épars sur des bases de “nationalismes” et d’appartenances ethniques et de créer la division entre Arabes et Musulmans. Les orientalistes déployèrent beaucoup de zèle à consacrer ces clivages dans des thèses auxquelles ils donnèrent la plus large publicité parmi le public musulman.

Troisièmement : Les divergences jurisprudentielles, qui procèdent de l’Ijtihad en ce qui concerne la compréhension des textes de la Charia et de leurs signifiants, sont chose naturelle en soi. Ces divergences ont en effet contribué à enrichir le thesaurus législatif qui réalise les buts et les spécificités de la Charia, et ont contribué à faciliter la pratique et à dissiper les gênes rencontrées, ce qui constitue certains des objectifs et des particularités de la Charia.

Quatrièmement : Les musulmans ont l’obligation de veiller à la sauvegarde du prestige et de l’aura de tous les Compagnons du Prophète (Puisse Allah être satisfait d’eux).

Les Savants sont appelés à louer leurs mérites, à exalter leur rôle dans la transmission de la Charia à la Oumma et à mettre en évidence leurs droits sur cette Oumma. Quant aux Gouvernements, il leur incombe de promulguer des règlements pour châtier quiconque minimiserait leur importance d’une manière ou d’une autre. Ainsi la valeur des Compagnons (Puisse Allah être satisfait d’eux) sera préservée et l’un des germes de discorde extirpé.

Cinquièmement : Il est nécessaire de se conformer au Livre et à la Sunna et de suivre l’exemple des devanciers parmi les Compagnons (Puisse Allah être satisfait d’eux tous), et leurs disciples dans la bonne action, en s’écartant des chemins de la perdition, en se gardant de tout ce qui risque de provoquer des dissensions et de diviser les musulmans, et en vouant ses efforts à l’appel à l’Islam et à la diffusion de ses principes parmi les non-musulmans.

Les recommandations :

Notre époque est – et cela n’est un secret pour personne – celle des regroupements et des grands blocs qui poursuivent chacun ses propres objectifs idéologiques et socio-économiques au nom de la mondialisation, de la laïcité et de la modernité. L’ouverture de l’espace médiatique sans nulle restriction ni entrave d’aucune sorte a fait du monde musulman la cible d’une campagne virulente visant à le déposséder de ses spécificités et à gommer son identité et les traits spirituels et intellectuels de sa civilisation. Or, notre Oumma ne pourra se prémunir de ces périls que par l’union et l’élimination des facteurs de division, d’autant plus qu’elle possède tous les éléments objectifs pour réaliser une telle unité dogmatique, sociale, économique, législative et culturelle.

EN CONSÉQUENCE, L’ACADÉMIE RECOMMANDE CE QUI SUIT :

  1. Réaffirmer la résolution de l’Académie N°48(5/10) sur l’application des dispositions de la Charia islamique ainsi que les recommandations pertinentes faites ultérieurement, et la résolution de l’Académie N°69(7/7) sur l’invasion intellectuelle (première recommandation).
  2. Exhorter les gouvernements des pays islamiques à soutenir les efforts de l’Organisation de la Conférence Islamique et de l’Académie Internationale du Fiqh Islamique en tant qu’illustrations de l’unité politique et intellectuelle des musulmans.
  3. Transcender les contentieux historiques, sachant que le fait de les soulever ne peut que raviver les rancunes et accentuer la discorde.
  4. Cultiver la bonne opinion et la confiance mutuelle entre les États et les peuples musulmans, en incitant les médias à promouvoir l’esprit d’harmonie et à professer l’éthique de dialogue, de tolérance et d’indulgence vis-à-vis des divers points de vue interprétatifs.
  5. Mobiliser la Oumma autour des causes qui engagent son avenir et auxquelles elle adhère unanimement, et en tout premier lieu, la cause d’Al- Qods et de la Mosquée Al-Aqsa, première des deux Qiblas et lieu d’ascension (‘Isra’a) du Messager d’Allah (PSL), afin de repousser les dangers qui en menacent l’islamité et d’en affirmer le caractère de cause commune de tous les musulmans.

Les participants à la Conférence en appellent à cet égard aux gouvernements des pays islamiques en vue d’accorder un intérêt accru à cette cause et aux causes similaires, et de prendre les mesures qui s’imposent, dont :

  • La condamnation des politiques de déportation, de colonisation et de judaïsation dont sont l’objet les territoires et les populations de Palestine, ainsi que l’occupation, l’injustice, la répression, les spoliations, le meurtre, le déracinement et les atteintes à la dignité de l’Homme et aux droits fondamentaux de la personne dont sont victimes les citoyens palestiniens.
  • Le soutien sans réserve à la Palestine militante, à sa Terre Bénie et à la Mosquée Al-Aqsa, Première des deux Qiblas, dans sa lutte pour l’indépendance, et la solidarité avec le peuple Palestinien dans sa résistance et son vaillant combat.
  • La dénonciation du mouvement sioniste et de l’occupation israélienne pour les brimades de toutes sortes et les exactions odieuses exercées à l’encontre du peuple palestinien qui lutte pour son émancipation et la libération de ses Lieux Saints.
  1. Accorder tout intérêt requis aux mécanismes prioritaires dans la concrétisation par étape de l’unité islamique, tels que :

    • L’élaboration des manuels scolaires sur des bases islamiques.
    • La mise en oeuvre de la stratégie d’information islamique commune.
    • La création du marché commun islamique.
    • La mise en place de la Cour Islamique de Justice.
  1. Le Secrétariat Général de l’Académie islamique du Fiqh désignera un Comité d’Académiciens et d’Experts en vue de conduire des études pratiques qui tiendront compte des réalités de la Oumma, embrasseront tous les aspects culturels et socio-économiques et identifieront les mécanismes à même de réaliser l’unité dans ces domaines, tout en tirant profit des efforts actuellement déployés dans le cadre des organisations interarabes et islamiques et en mettant à contribution les spécialistes concernés.

Afin de garantir le sérieux de cette initiative et l’applicabilité des conclusions auxquelles ledit Comité pourrait aboutir, nous recommandons que sa composition et ses attributions soient approuvées par l’Organisation de la Conférence Islamique.

Allah est Garant du succès

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