CONCERNANT LES RÈGLES DE LA CHARIA APPLICABLES À LA RECHERCHE BIOMÉDICALE SUR L’ÊTRE HUMAIN

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges et le salut soient

Sur notre Maître Mohamed, Ultime Messager, sur les siens et sur ses compagnons

RÉSOLUTION N° 161 (10/17)

CONCERNANT

LES RÈGLES DE LA CHARIA

APPLICABLES À LA RECHERCHE BIOMÉDICALE SUR L’ÊTRE HUMAIN

Le Conseil de l’Académie Internationale du Fiqh Islamique, de l’Organisation de la Conférence Islamique, réuni en sa 17e session à Amman (Royaume Hachémite de Jordanie) du 28 Joumada Al-Awal au 2 Joumada Al-Thani 1427H (24-28 Juin 2006) ;

Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « les règles de la Charia applicables à la recherche biomédicale sur l’être humain », et ayant examiné la charte adoptée par le séminaire sur « les réglementations morales internationales afférentes à la recherche biomédicale sur l’être humain, à travers une perspective islamique », organisé au Caire, du 29 Chawal au 2 Dhoul Qada 1425H (11-14 décembre 2004) par l’Organisation Islamique pour les Sciences Médicales ; et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet ;

DÉCIDE CE QUI SUIT :

Premièrement : Ratification des principes généraux énoncés dans la charte

L’Académie réaffirme son adhésion aux principes et aux règles générales sur lesquels reposent le code de déontologie et l’éthique de la recherche biomédicale, à savoir :

  • Le respect de l’honneur et de la dignité et de l’être humain qui est un principe fondamental et intangible de la Charia. Allah ne nous dit-Il pas : « Nous avons certes honoré les Fils d’Adam. Nous les avons portés sur la terre ferme et la mer. Nous leur avons attribué des nourritures délectables et Nous les avons placés bien au-dessus de beaucoup de ceux que Nous avons créés ». (Al-Isra : 70).

C’est pourquoi, il est essentiel de respecter pleinement l’indépendance de toute personne jouissant de ses facultés mentales, qui accepterait volontairement de se soumettre à des tests biomédicaux pour les besoins de la recherche, à condition que cette personne puisse prendre sa décision en toute liberté, de son plein gré et sans ne subir aucune forme de contrainte, ni de tromperie, ni d’exploitation, car la Charia stipule que « nul ne peut disposer des droits d’un être humain sans son autorisation expresse ».

La Charia garantit également le respect et la protection des individus ne jouissant pas de toutes leurs facultés mentales, contre les abus éventuels et les risques de violation de leurs droits, fut-ce par un responsable ou par un tuteur légal. C’est ainsi que les règles générales du Fiqh disposent que « Les décisions prises par une personne inapte sont invalides». Aussi, la Charia a-t-elle pris soin de désigner un responsable ou un tuteur légal pour agir à sa place et en son nom, à charge pour celui-ci d’assumer cette responsabilité au mieux des intérêts de la personne inapte et sans prendre de décisions néfastes ou préjudiciables.

  • La réalisation des intérêts, qui est un autre objectif capital de la Charia, se traduit par « la quête assidue des bienfaits et la volonté d’épargner à l’humanité des maux éventuels». Dans les cas où un dommage est inévitable, on choisira toujours le moindre mal en s’efforçant de le minimiser au maximum.

  • L’établissement de la justice, c’est-à-dire l’obligation morale d’agir envers chaque personne en suivant ce qui est juste et bon d’un point de vue de l’éthique, et de traiter tout un chacun (homme ou femme) avec dignité et impartialité et de reconnaître les droits de chacun. Ce souci de justice est l’expression concrète du principe intangible qui est d’établir le bon droit et l’équité, principe dont l’Islam a jeté les bases et dont il a fait l’élément clé d’une vie humaine exemplaire et la voie du salut.

  • L’altruisme prêché par le plus exhaustif de tous les versets coraniques, qui appelle les Croyants à s’adonner à toutes les bonnes actions et les met en garde contre les péchés : « Allah ordonne l’Équité, la Bienfaisance et la Libéralité…» (Al-Nahal : 90).

Deuxièmement : La déontologie de la recherche biomédicale appliquée à l’être humain

Le Conseil RÉAFFIRME les règles éthiques afférentes à la recherche biomédicale applicable aux êtres humains telles qu’énoncées dans la charte citée au préambule de la présente résolution, sachant que ces règles régissent la pratique de la recherche biomédicale en conformité avec les principes de la Charia. Le Conseil INVITE en même temps l’Organisation Islamique des Sciences médicales à organiser une conférence élargie, groupant les praticiens et les jurisconsultes, pour approfondir la compréhension de ces règles et principes déontologiques.

RECOMMANDATIONS :

  • L’Académie recommande aux responsables des pays musulmans d’encourager et de soutenir la recherche et les chercheurs en leur allouant des budgets conséquents, en créant les conditions les plus propices à la recherche et en pourvoyant aux besoins scientifiques et matériels des chercheurs pour les motiver et leur permettre de se vouer à l’accomplissement de leur devoir civique.

  • L’Académie recommande à tous les pays musulmans d’établir des canaux de communication avec les savants et scientifiques musulmans expatriés qui représentent « un capital fabuleux pour la Oummah », de coopérer avec eux et de les encourager à collaborer avec leurs homologues musulmans en vue de doter les pays islamiques de bases solides pour la recherche scientifique.

  • L’Académie recommande à l’Organisation Islamique des Sciences Médicales au Koweït et aux Ministres de la Santé des pays islamiques d’organiser des stages d’initiation à la jurisprudence et à la déontologie professionnelle à l’intention du personnel médical et paramédical, et notamment à l’éthique propre à la recherche scientifique et aux règles et principes visés dans la présente résolution.

Allah est plus Savant
Aller en haut