Sous l’égide du ministère marocain des Awqaf et des Affaires islamiques, S.E. Prof. Koutoub Moustapha Sano, Secrétaire général de l’Académie, a donné une conférence intitulée « L’Ijtihad et les enjeux de l’âge moderne », qui a eu lieu le mercredi 17 Ramadan 1445, correspondant au 27 mars 2024 à la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Mohammed V à Rabat.

Son Excellence a remercié l’université de l’avoir invité à donner cette conférence en saluant le magnique héritage intellectuel et scientifique de cette prestigieuse université, qui représente une référence pour la pensée et le savoir islamiques, un rayon de lumière et un symbole de réflexion au Royaume du Maroc.

Son Excellence a évoqué l’importance de la « raison et de la transmission » dans le contexte islamique et son rôle dans l’Ijtihad. Son Excellence a souligné que “La pensée islamique a été affligée, au début de son histoire, par un faux conflit entre la raison et la transmission, alors que l’esprit sain et la transmission correcte n’étaient pas censés s’opposer et se contredire. La transmission appropriée ne peut s’opposer à l’esprit sain, et l’esprit juste ne peut s’opposer ou contredire la transmission juste, d’autant plus que l’on sait que la transmission a besoin davantage de raison. Le besoin de transmission à l’esprit est en fait plus grand que le besoin de l’esprit à la transmission, étant donné que la transmission doit être comprise, transmise et diffusée. Tout cela ne peut être réalisé que par une raison saine et sauve, ce qui signifie que tout conflit supposé entre raison et transmission doit être entre un texte incorrect et un esprit sain ou entre une transmission correcte et un esprit dérangé”.

Son Excellence a également parlé de l’importance et de la nécessité de l’ijtihad à toutes les époques, qui vise à démontrer la pertinence de l’islam en tout lieu et temps, en soulignant que la flexibilité et l’intemporalité de la Charia dépendent de l’ijtihad, ce qui rend impossible de dire que « la porte de l’ijtihad a été fermée ». Son Excellence a ensuite parlé des preuves conforme à la Charia et de l’importance de l’ijtihad sur la base du Coran et de la Sunna du Prophète. Il a insisté sur la nécessité de prêter attention à la profession de « moujtahid », qui est l’étape la plus importante de l’ijtihad, par l’acquisition de connaissances, l’apprentissage des sciences et leur integration, de sorte que l’ijtihad passe de l’état théorique à une réalité concrete sur laquelle une personne peut apprendre auprès de savants fiables spécialisés dans l’ijtihad.

Son Excellence a ajouté : « En examinant la réalité de la Oumma, on constate qu’au début du quatrième siècle de l’Hégire, la regression de la civilisation de la Oumma a commencé parce qu’elle a cessé de produire de la science, de sorte que le besoin s’est fait sentir de parler de Maqacid lorsque l’existence islamique a été menacée par l’invasion des Mongoles et la chute de Bagdad. Les savants religieux de cette époque ont insisté sur l’importance de lier le jugement à son objectif et sur l’importance de prêter attention et d’adhérer aux Maqacid, car les décisions de la charia doivent être présentées aux Maqacid avant de les accepter ou de les rejeter «

En outre, Son Excellence a également appelé à accorder plus d’attention aux sciences humaines et à faire en sorte que le moudjtahid ait une connaissance et une familiarité avec leurs principes afin qu’il puisse établir un lien étroit et un équilibre entre le contenu des différents textes, les exigences de la réalité et les conditions humaines, et pour lui permettre de connaître les multiples aspects de l’être humain et ses divers problèmes, ce qui permet de pratiquer l’Ijtihad à travers une approche orientée vers la Maqacid qui est également réaliste et rationnelle et qui sert la Maqacid en même temps.

Son Excellence a appelé à la nécessité de passer de l’aspect théorique à l’aspect pratique en travaillant à l’élaboration de programmes d’études qui comprennent une formulation mûre des outils et des connaissances essentiels que les personnes en question doivent maîtriser avant d’être qualifiée pour pratiquer l’Ijtihad avec confiance et stabilité, en évitant la peur et l’appréhension de l’Ijtihad tout en remplissant ses conditions et en maîtrisant ses sciences et ses instruments.

À l’issue de la conférence, Son Excellence a appelé à l’intégration des études islamiques et des sciences humaines, expliquant que toute allégation de conflit et de contradiction entre la raison et la transmission ne peut provenir que d’un défaut de la raison en rejetant des lignes qui lui sont fixées par la Charia, à savoir les lignes des textes implicites ou douteux, ou d’un défaut de la transmission en étant faible ou objective. Cela ne peut donc pas être attribué à la Charia.