Toutes les louanges vont à Allah, que la paix et le salut soient sur le messager d’Allah, notre prophète Mohammad, ainsi que sur tous ses compagnons.
Ceci étant dit :
Le Secrétariat général de l’Académie internationale du Fiqh islamique a relu les décrets issus de conférences tenues par l’Organisation de la Coopération Islamique pour dirigeants et chefs d’états, mais aussi les ministres de la santé, ceci dans les états de l’Organisation. Le sujet fut la lutte contre la polio et son éradication, une sensibilisation à cette maladie, les vertus de la vaccination contre celle-ci, ainsi qu’une prise de conscience de ses dangers car elle continue de faire des milliers d’enfants malades, les exposant à différents handicaps physiques.
En prenant appui sur les renseignements du Secrétariat général de l’Organisation de la Coopération Islamique destinés à l’Académie internationale du Fiqh islamique avant pour entête : OCI/ST-16(19) /2009/004060 ; en date du 11 juillet 2009, confirmant ainsi les efforts à but caritatif fournis pour venir à bout de la polio, de la part des ministères de la santé dans les états musulmans et grâce à la collaboration avec les organismes concernés.
Après avoir pris connaissance des rapports provenant des services médicaux compétents, l’Académie de l’Académie internationale du Fiqh islamique souhaiterait montrer que la vaccination contre la polio a fait ses preuves en matière d’efficacité puisque répandue chez les enfants du monde entier. De plus, ces rapports ont confirmé que les campagnes de vaccination ont permis, par la grâce d’Allah, de faire baisser la propagation de la polio chez les enfants du monde entier de plus de 25 %, alors même que l’absence de vaccination dans certains pays génère la contamination de centaines d’enfants, ainsi qu’une propagation du virus dans divers pays musulmans voisins par des voyageurs. De même, ces rapports précisent qu’une intensification de campagnes de vaccination dans des régions reculées permettent d’obtenir des résultats favorables. Pourtant, ces mêmes rapports pointent le doigt sur la grande difficulté de ces campagnes à convaincre certaines autorités à cause de préjugés autour de la vaccination contre cette maladie, croyant notamment que cela peut mener à la stérilité des filles.
L’Académie a pris ce parti en faveur de la vaccination, également après que des spécialistes médicaux de confiance aient prouvé l’absence de fondement de ces rumeurs, et que les ministères de la santé dans les pays musulmans soient convaincus quant à l’inexistence d’effet néfaste de ces vaccins.
De plus, il est important de garder à l’esprit les dangers de cette maladie sur les enfants et le fait qu’elle soit contagieuse de différentes manières, au point où lorsqu’un enfant en est frappé, elle le suivra toute sa vie, l’handicapant et le rendant dépendant, nécessitant une attention particulière et permanente, devenant parfois même une charge pour autrui, en plus de ce que pourra ressentir cet enfant comme mal être personnel et social.
Pour toutes ces raisons, le Secrétariat général du Conseil appelle les directions concernées des ministères de la santé dans les états musulmans, à poursuivre les campagnes de vaccination contre cette maladie, tout comme il encourage les parents à vite prendre la résolution de vacciner leurs enfants et cela, pour les raisons suivantes :
Premièrement :
Allah a favorisé l’être humain en le créant de la meilleure manière, le Très-Haut déclare :
« Nous avons certes créé l’homme dans la forme la plus parfaite. » (At-Tin, 4). De plus, Il a vanté Son prophète Zakaria, paix sur lui, lorsque celui-ci Lui demanda une bonne descendance, car invoquer pour une pareille descendance implique qu’elle soit également en bonne santé. Le Très-Haut dit : « Alors, Zacharie pria son Seigneur, et dit : « Ô mon Seigneur, donne-moi, venant de Toi, une excellente descendance. Car Tu es Celui qui entend bien la prière. » » (Aal-Imran, 38)
Deuxièmement :
Allah, exalté soit-Il, a ordonné à l’être humain de prendre soin de son corps, préserver sa santé et s’éloigner autant que possible de tout ce qui peut lui causer du tort. Le Très-Haut exhorte : « […] Et ne vous jetez pas par vos propres mains dans la destruction. Et faites le bien. Car Allah aime les bienfaisants. » Al-Baqara, 195).
Par ailleurs, Allah a interdit à l’homme de tuer ses enfants de quelle que manière que ce soit, entre alors dans cette interdiction la négligence de ce qui leur est néfaste. Le Très-Haut menace : « Et ne tuez pas vos enfants par crainte de pauvreté, c’est Nous qui attribuons leur subsistance, tout comme à vous. Les tuer, c’est vraiment, un énorme péché. » (Al-Isra, 31). Préserver et protéger la vie de tout ce qui peut lui porter atteinte fait partie des plus grandes obligations de la législation musulmane, comme le déclare le Très-Haut : « C’est pourquoi Nous avons prescrit pour les Enfants d’Israël que quiconque tuerait une personne non coupable d’un meurtre ou d’une corruption sur la terre, c’est comme s’il avait tué tous les hommes. Et quiconque fait don de la vie, c’est comme s’il faisait don de la vie à tous les hommes […] » (Al-Ma’ida, 32)
Vient confirmer tout cela la règle générale de la législation musulmane concernant l’interdiction de faire du mal volontairement ou non, de quelle que manière que ce soit, selon la parole prophétique citée par Ibn Abbass déclarant que le messager d’Allah, paix et éloges d’Allah sur lui a dit : « Tout préjudice est illégal, qu’il soit involontaire ou volontaire. » (Rapporté par l’imam Ahmed dans son Mousnad, ainsi qu’El-Hakim dans El Moustadrak, entre autres).
Troisièmement :
Parmi ce à quoi encourage l’Islam : se donner les moyens d’être fort et d’avoir recours à tout ce qui peut nous être utile. En effet, d’après Abou Horeïra, qu’Allah l’agrée, le messager d’Allah, éloges et saluts d’Allah sur lui, informe : « Le croyant fort est meilleur et plus aimé auprès d’Allah que le croyant faible, mais dans chacun d’eux se trouve un bien. Aspire donc à ce qui t’est utile… » (Rapporté par Mouslim dans son Sahih, chapitre sur l’encouragement à la force et le délaissement de l’incapacité et de la demande d’aide).
Quatrièmement :
L’Islam a confié aux pères et aux mères de grandes responsabilités à l’égard de leurs garçons et leurs filles, tout particulièrement ceux n’étant pas encore pubères, de nombreux hadiths ont été cités à ce propos, parmi lesquels :
- Abdallah bin Omra, qu’Allah les agrée, annonce qu’il a entendu le messager d’Allah, paix et éloges d’Allah sur lui, dire : « Chacun d’entre vous est un berger et chacun d’entre vous sera interrogé concernant son troupeau. Le dirigeant est un berger, l’homme est un berger pour les gens de sa maison, la femme est une bergère pour la maison de son époux et pour ses enfants. » (Rapporté par El-Boukhari et Mouslim).
- Abdallah bin Omar, qu’Allah les agrée, relate : « J’ai entendu le messager d’Allah, paix et éloges d’Allah sur lui, annoncer : « Il suffit à l’homme comme péché de délaisser ceux qu’il a sous sa responsabilité. » (El Moustadrak sur la base des deux Sahihs).
Cinquièmement :
Concernant l’exhortation à se soigner et se donner les moyens de guérir, des hadiths ont été rapportés, parmi lesquels ce que mentionne Abou Horeïra, qu’Allah l’agrée, le messager d’Allah, paix et éloges d’Allah sur lui, enseigne : « Allah n’a pas fait descendre de maladie sans en faire descendre la guérison. » (Rapporté par El Boukhary, chapitre Allah n’a pas fait descendre de maladie sans en faire descendre la guérison). Dans une autre version d’Oussama bin Sharik, qu’Allah l’agrée, il raconte : « Je suis allé voir le prophète, paix et éloges d’Allah sur lui, ses compagnons donnaient l’impression qu’ils avaient des oiseaux sur la tête ; j’ai alors salué puis je me suis assis. Des bédouins sont alors arrivés de toutes parts et demandèrent : « Ô messager d’Allah ! Est-ce que nous devons nous soigner ? » Il répondit alors : « Soignez-vous car Allah n’a pas envoyé de maladie sans en envoyer le remède, à l’exception d’une seule maladie : la mort. » (Rapporté par Abou Daoud, al-Tirmidhi, et Ahmed).
Sixièmement :
La vaccination des enfants contre la polio s’avère être un remède tendant à anticiper une maladie que l’on redoute de contracter, c’est ce que l’on appelle de nos jours la médecine préventive, démarche approuvée par l’Islam. En effet, il a été mentionné du prophète, éloges et saluts d’Allah sur lui : « Celui qui déjeune avec sept dattes parmi celles de Médine, rien ne pourra lui nuire ce jour-là, ni poison ni sorcellerie. » (Rapporté par el Boukhari, chapitre du soin par la Ajwa). De même, l’Islam a approuvé ce qui a été cité concernant la quarantaine à observer suite à la peste. Le prophète, éloges et saluts d’Allah sur lui a dit à ce propos : « Si vous entendez qu’une terre est frappée par la peste, n’y entrez pas, et si elle touche un endroit dans lequel vous vous trouvez, n’en sortez pas alors. » (Rapporté par el Boukhari, chapitre ce qui est cité de la peste).
De ce fait, l’Islam appelle à tirer profit de toute étude ou recherche qui faciliterait la vie des hommes et les aiderait sur cette terre, car cette religion est venue pour leur apporter le bien et le bonheur ici-bas et dans l’au-delà. Le Très-Haut décrète : « […] Demandez donc aux gens du rappel si vous ne savez pas. » (An-Nahl, 43) Il dit également : « Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers. » (Al-Anbiya, 107)
Septièmement :
Se protéger contre les maladies par la vaccination ne contredit en rien la confiance en Allah, de la même manière qu’elle n’est pas contredite par le fait de repousser la maladie, la faim, la soif, le chaud ou le froid. La véritable confiance en Allah est bien au contraire concrète lorsqu’elle est accompagnée de moyens indispensables mis à disposition par Allah. Ainsi, se détourner de la vaccination si elle engendre des conséquences néfastes peut s’avérer illicite.
A partir de ce qui a précédemment été dit, le Secrétariat général du Conseil attend donc des ministères de la santé des états musulmans qu’ils redoublent d’effort pour venir à bout de la polio, tout comme il espère des parents qu’ils répondront favorablement aux campagnes de vaccination afin de protéger leurs enfants contre tout ce qui peut leur nuire. De même, l’Académie attend des savants de la législation musulmane ainsi que des imams dans les mosquées, qu’ils encouragent les gens à approuver ces campagnes et donc la vaccination pour combattre cette maladie.
Prof. Abdulsalam al-Abbadi
SG de l’AIFI
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