Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
Louanges à Allah, Seigneur des Mondes.
Que les éloges, et le Salut soient sur notre Maître Mohamed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.
RÉSOLUTION N°94 (2/10)
LE CLONAGE HUMAIN
Le Conseil de l’Académie Internationale du Fiqh Islamique, réuni en sa neuvième Session, à Abu Dhabi (Emirats Arabes Unis), du 1er au 6 Dhoul Qa’ada 1415 H (1er-6 Avril 1995) ;
Ayant pris connaissance des études présentées au sujet du “clonage humain” et des études, recherches et recommandations émanant du neuvième séminaire médical à la lumière du Fiqh organisé par l’Organisation Islamique des Sciences Médicales, en collaboration avec l’Académie et d’autres institutions, à Casablanca (Royaume du Maroc) du 9 au 12 Safar 1418 H (14 au 17 juin 1997) ;
Ayant écouté les délibérations qui ont eu lieu à ce sujet avec la participation de Fuqahas et de médecins ;
CONCLUT :
PRÉAMBULE :
Allah a créé l’homme dans la meilleure forme et l’a honoré au plus haut point. Allah n’a-t-Il pas dit : “Nous avons singulièrement honoré les fils d’Adam, leur avons facilité les routes du continent et de la mer, leur avons procuré les meilleures nourritures et leur avons donné la prééminence sur bon nombre d’êtres créés par Nous”. (Sourate du Voyage Nocturne, Verset 70).
Allah a doté l’homme d’un esprit, l’a honoré en le rendant responsable, en a fait son légataire sur terre, lui a permis de la civiliser et l’a honoré en le chargeant d’une mission compatible avec la saine nature, ou qui est plutôt la saine nature même. Allah a dit : “Relève donc la tête pour te vouer au culte pur de l’Unique, selon la nature innée dont Allah a pourvu les hommes en les créant. Ce qu’Allah a créé ne saurait être modifié. Telle est la religion droite, mais la plupart des hommes n’en savent rien” (Sourate des Byzantins, verset 30).
L’Islam insiste sur la nécessité de préserver la nature innée de l’homme, par le maintien des cinq principes universels : la religion, la vie, la raison, la progéniture et la fortune et la nécessité de la préserver contre toute modification corruptrice tant au niveau des causes que des conséquences, comme en témoigne le Hadith Qudoussi cité par Al-Qurtubi d’après la narration du Qadi Isma’il: “J’ai créé Mes serviteurs tous monothéistes, mais les démons sont venus les détourner de leur religion… et leur ont demandé de changer Ma créature”!
Allah a enseigné à l’homme ce que celui-ci ignorait et lui a ordonné la recherche, l’observation, la réflexion et la méditation. Dans de nombreux versets, Allah interpelle les hommes : “Ne voient-ils pas ?” (Sourate TâHâ, V. 89), “ L’homme ne sait-il pas que Nous l’avons créé d’un liquide insignifiant ?” (Sourate Yasin, V. 77), “Ce sont là des signes pour ceux qui comprennent”(Sourate le tonnerre, V. 3), “C’est là un rappel pour ceux qui ont conscience” (Sourate le tonnerre, V. 4), “Il y a là un rappel pour qui sait réfléchir”(Sourate les groupes, V. 21) ; “Lis ! au Nom de ton Seigneur qui a créé”.(Sourate le corps accroché, V. 21)
L’Islam n’érige aucun obstacle ni aucune entrave à la liberté de la recherche scientifique qui constitue un moyen de découvrir l’ordre établi par Allah dans Sa création. Cependant l’Islam dispose aussi que la porte ne saurait être laissée ouverte sans restriction à l’application généralisée et sans limites des résultats de la recherche scientifique, sans être d’abord passée au crible de la Charia, afin d’autoriser ce qui est licite et de prohiber ce qui ne l’est pas (haram). Il n’est pas permis de mettre en application une découverte simplement parce que cette application est de l’ordre du possible. Il faut que ce soit une science utile pouvant servir l’intérêt des gens et les prémunir contre le mal. La science doit respecter la dignité de l’homme et sa place dans le monde, et la finalité pour laquelle Allah l’a créé. L’homme ne saurait être un champ d’expérimentation. En aucune façon, son identité, sa spécificité et sa particularité ne doivent être violées. La science ne doit ni ébranler la stabilité de la structure sociale ni détruire les fondements de la parenté, les liens de mariage et les structures familiales reconnus au fil de l’histoire humaine et préservés par la loi divine sur des bases solides émanant des dispositions édictées par Allah.
L’une des innovations de notre époque a trait à une question qui a focalisé l’attention du monde entier, à travers les médias, et qui n’est autre que le clonage. Il était donc indispensable de faire connaître la position de la Charia à ce propos, après avoir fait étudier la question dans tous ses détails, par une élite d’experts et de savants spécialisés dans ce domaine.
Définition du clonage
Il est bien connu que l’ordre établi par Allah stipule que tout être humain qu’Il crée est le résultat de la rencontre entre un spermatozoïde et un ovule dont chacun des noyaux respectifs englobe un nombre de chromosomes égal à la moitié des chromosomes contenus dans les cellules du corps humain. Lorsque le spermatozoïde du père (le mari) s’unit à l’ovule de la mère (l’épouse), l’ensemble se transforme en un embryon renfermant une carte génétique complète et capable de se reproduire.
Une fois qu’il s’est fixé dans la matrice de la mère, cet embryon se développe graduellement pour devenir un être complet qui sera mis au monde par la volonté d’Allah. Ce faisant, la cellule initiale se subdivise pour donner deux cellules identiques, puis quatre, puis huit, et ainsi de suite jusqu’à atteindre l’étape de détermination de la différentiation de l’individu embryonnaire. Si l’une des cellules de l’embryon se divise en deux parties semblables, l’on obtient deux jumeaux identiques. Une expérience réalisée sur certains animaux a permis de donner artificiellement naissance à des jumeaux identiques. On ne sait si semblable expérience a été pratiquée sur l’homme. Cette opération a été considérée comme une forme de clonage ou de procréation, dès lors qu’elle donne lieu à des copies ou à des espèces identiques. Cette forme a été appelée clonage par division.
Il existe une autre méthode de clonage d’un être entier. Elle consiste à prélever le noyau d’une cellule du corps contenant l’ensemble du patrimoine génétique et à le transplanter dans un ovocyte énucléé. Il se constitue alors un embryon contenant un patrimoine génétique complet et ayant la capacité de se reproduire. Implanté dans l’utérus, l’embryon se développe, atteint sa forme complète et devient un être vivant pleinement constitué qui naît par la volonté d’Allah. Ce type de clonage est connu sous l’appellation de “transfert du nucleus” ou “remplacement du nucleus de l’ovocyte”. C’est ce que l’on entend par le terme “clonage” et c’est cette opération qui a donné naissance à la brebis Dolly. Mais cette nouvelle créature n’est pas une copie conforme à l’original, car l’ovule de la mère dont on a enlevé le noyau conserve quelques restes de celui-ci dans la partie qui entoure le noyau enlevé. Ces restes ont un effet notable sur la transformation des caractéristiques héritées de la cellule du corps. Une telle expérience n’a pas été, à notre connaissance, pratiquée sur l’homme.
Le clonage est donc la mise au monde d’une ou plusieurs créatures vivantes, soit en transplantant le noyau d’une cellule dans un ovocyte énucléé, soit par la division d’un ovule fécondé à une étape précédant la différenciation des tissus et des membres.
Nul n’ignore que de telles opérations ne constituent pas une création totale, ni même partielle. Allah Tout-Puissant a dit : “Peut-être auraient-ils prêté à Allah des associés capables comme Lui de créer, en sorte que l’oeuvre de ces derniers et celle d’Allah se confondraient à leurs yeux. Dis alors : Il n’est qu’Allah qui a créé toute chose. Il est Unique, le Dominateur Souverain” (Sourate du Tonnerre, Verset 16). Allah a également dit : “Avez-vous considéré le liquide que vous répandez ? Est-ce vous qui le créez ou en sommes-Nous le Créateur ? C’est Nous qui vous avons prédestiné la mort et rien ne pourra Nous empêcher de vous remplacer par d’autres hommes comme vous ou d’un aspect différent de celui que vous connaissez. Vous savez pourtant que Nous avons procédé à la première création. Si seulement vous réfléchissiez ?” (Sourate de l’Événement, Versets 58 à 62). Allah dit aussi : “ L’homme ne sait-il pas que Nous l’avons créé d’un liquide insignifiant ? Le voilà pourtant qui se transforme en disputeur acharné. Oubliant sa propre création, il dit : « Qui redonnera vie aux os devenus poussière ? » Réponds : « Celui qui les a créés la première fois et qui connaît parfaitement tous les éléments de Sa création, Celui qui, pour vous, fait jaillir du bois vert une étincelle qui vous sert à allumer vos feux ». Celui qui a créé les cieux et la terre n’est-Il pas capable de créer d’autres hommes comme eux ? Si, car Il est le Créateur de toute chose, l’Omniscient ! Il Lui suffit, lorsqu’Il veut une chose, de dire : « Sois ! » et celle-ci s’accomplit.” (Sourate Yasin, V. 77 à 82).
Allah a encore dit : “ Nous avons, en vérité, créé l’homme à partir d’une essence d’argile, puis sa descendance d’un liquide insignifiant placé dans un réceptacle sûr. Nous faisons ensuite de ce liquide un corps s’accrochant à la matrice, puis de ce dernier une masse de chair au sein de laquelle se forme le squelette que Nous revêtons finalement d’une masse musculaire avant d’en faire une créature différente. Béni soit Allah, le Créateur par excellence !” (Sourate des Croyants, v. 12 à 14).
Se fondant sur les études précédentes soumises à l’Académie, les délibérations et les principes de la Charia,
LE CONSEIL DÉCIDE CE QUI SUIT :
Premièrement : Prohibition du clonage humain, dans les deux cas précédemment cités ou par toute autre méthode qui donne lieu à la multiplication de l’espèce humaine.
Deuxièmement : Si la disposition de la Charia faisant l’objet du premier paragraphe se trouve transgressée, les conséquences de tels actes doivent être soumises à l’examen de l’Académie pour préciser les dispositions de la Charia à leur sujet.
Troisièmement : Sont interdits tous les cas qui impliquent l’intervention d’une tierce partie dans le rapport conjugal, qu’il s’agisse d’un utérus, d’un ovule, d’un spermatozoïde ou d’une cellule du corps destinée au clonage.
Quatrièmement : Il est permis par la Charia de recourir aux techniques du clonage et du génie génétique dans le domaine de la microbiologie, de la botanique et de la zoologie, et ce dans les limites des prescriptions de la Charia, en vue d’assurer l’intérêt général et de prévenir les inconvénients.
Cinquièmement : Inviter les États musulmans à promulguer les lois et les règlements destinés à boucher toutes les issues directes ou indirectes devant les instances locales ou étrangères, les organismes de recherches et les experts étrangers, et les empêcher de faire des pays islamiques un champ d’expérimentation et de propagation du clonage humain.
Sixièmement : Le Conseil de l’Académie Internationale du Fiqh Islamique et l’Organisation Islamique des Sciences Médicales du Koweït assureront conjointement le suivi de la question du clonage et de toute nouvelle découverte dans ce domaine, et établiront la terminologie et organiseront les séminaires et les colloques nécessaires pour faire connaître les dispositions de la Charia à ce sujet.
Septièmement : Le Conseil appelle à la constitution de commissions spécialisées comprenant des experts et des Fuqahas à l’effet d’établir les règles de déontologie qui doivent être observées en matière de recherches en biologie dans les pays islamiques.
Huitièmement : Le Conseil appelle à la création et au renforcement des établissements et instituts scientifiques qui entreprennent des recherches dans les domaines de la biologie et de la génétique, mais concernant des questions autres que le clonage humain, conformément aux règles de la Charia, afin que le monde islamique ne reste pas en état de dépendance d’autrui dans ce domaine.
Neuvièmement : Consacrer l’application des découvertes scientifiques à partir d’une vision islamique et inviter les médias à adopter une attitude conforme aux prescriptions de la religion concernant ces questions, à éviter de les utiliser d’une façon incompatible avec l’Islam, et à sensibiliser l’opinion publique au devoir de vérification avec toute prise de position, conformément à l’appel d’Allah qui dit: “quand leur parvient une nouvelle, ils s’empressent aussitôt de la divulguer partout, qu’elle soit rassurante ou alarmante, quand ils feraient mieux d’en référer au Prophète et aux responsables d’entre eux, seuls à même d’en pénétrer le sens et de l’utiliser à propos” (Sourate des Femmes, V. 83).
Allah est Plus Savant
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