S.E. Prof. Koutoub Moustapha Sano, Secrétaire général de l’Académie internationale du Fiqh islamique (AIFI), a donné une conférence dans le cadre de la série de conférences publiques à la School of Oriental and African Studies (SOAS), Université de Londres, au Royaume-Uni, par videoconference, le mercredi 16 Dhul Qui’dah 1443 correspondant au 15 juin 2022. Le titre de la conférence de cette année était : “Cryptomonnaies : Comment la finance et la jurisprudence islamiques vont-elles s’adapter au nouveau modél économique “?
D’emblée, S.E. Dr Jonathan Ercanback, chef du Centre de droit islamique et du Moyen-Orient à SOAS de l’Université de Londres, et superviseur de la session, a accueilli le Secrétaire général de l’Académie, soulignant l’importance d’impliquer les érudits musulmans dans le débat sur le rôle de la finance islamique et de la Charia dans le cours de l’industrie financière islamique. Cette intervention a été suivie par celle du directeur de la conférence, Sir Ross Cranston, ancien juge de la Haute Cour et professeur invité à la London School of Economics, Université de Londres, qui a déclaré que, bien que le sujet de discussion de cette année soit difficile pour toutes les parties concernées, il offrirait une bonne occasion de comprendre comment la finance islamique contribue au marché financier globale. Sir Ross Cranston a ensuite présenté S.E. Prof. Koutoub Sano, en tant que juriste musulman de recommé mondiale et éminent chercheur en droit.
Son Excellence a commencé son intervention en remerciant et en félicitant les organisateurs pour la justesse de leur choix du sujet de la série de conférences publiques de cette année vue ses répercussions majeures sur le marché financier et sur les musulmans du monde entier. Dans sa conference intitulée ” Les crypto-monnaies d’un point de vue islamique : Présentation et analyse”, Son Excellence a souligné l’importance de faire la différence entre la réalité des monnaies numériques cryptées en tant que moyen d’échange et de transaction, et les domaines d’utilisation de ces monnaies dans la spéculation, les transferts, et autres. Il a ajouté: “Face aux développements successifs dans le monde des contrats et aux transformations continues dans les méthodes et les concepts de transactions, il est nécessaire d’avoir une vision globale et consciente qui adhère aux textes généraux de la jurisprudence islamique dans les questions de finances et d’affaires à la lumière des nobles objectifs de la Charia, qui sont basés sur l’apport de bénéfices et l’éloignement du mal”. Son Excellence a expliqué que les règles de jurisprudence générale et secondaire élaborées par les juristes musulmans sont capables d’absorber les développements, les changements et les mutations que nous observons aujourd’hui, ajoutant qu’il est “nécessaire de ne pas interférer avec l’héritage jurisprudentiel traditionnel et de chercher à travers lui des réponses jurisprudentielles aux nouvelles formes et aux nouveaux modèles de contrats, transactions et ventes qui n’étaient pas connus par celui-ci à son époque, mais qui sont apparus après l’ère de la codification à la lumière de contextes et de mutations sociales, intellectuelles, économiques et culturelles différentes ainsi que des contextes et réalités qui prévalaient lorsque les juristes ont codifié leur jurisprudence sur de nombreux contrats et transactions.”
Son Excellence a également expliqué que les monnaies numériques cryptées sont du type de la monnaie virtuelle qui est apparue il y a plus de dix ans, et l’énoncé de la jugement de Charia à leur sujet avec permission ou interdiction nécessite de vérifier dans quelle mesure la description de la monnaie s’applique à elles dans la jurisprudence islamique. Si l’on se réfère aux définitions de l’argent par les juristes, on constate qu’ils appellent argent tout ce qui est utilisé comme moyen d’échange d’avantages et de prix et qui est acceptable pour ceux qui y ont recours. Sur la base de cette perception de l’argent, les monnaies numériques cryptées sont considérées comme de l’argent dans la jurisprudence parce qu’elles sont aujourd’hui utilisées comme un moyen d’échange et de transaction entre leurs revendeurs. Son Excellence a indiqué que le fait de considérer une méthode comme de l’argent liquide peut se faire par l’intermédiaire d’une autorité centrale, comme c’est le cas pour la monnaie fiduciaire contemporain tel que la livre sterling et le dollar américain, et cela peut se faire par la coutume entre les négociants, comme c’est le cas pour les monnaies numériques en général et les monnaies numériques cryptées en particulier. La source de la confiance dans la nature monétaire de ces monnaies est leur acceptation par ceux qui les négocient comme moyen d’échange de prestations et de prix. Son Excellence a conclu que “une distinction doit être faite lorsqu’il s’agit d’eclaircir la décision appropriée de la Charia pour les crypto-monnaies et les domaines de leur emploi et de leur utilization. Il n’est pas correct de confondre les deux questions comme dans toutes les monnaies fiduciaire contemporaines, telles que la livre et le dollar, il n’est pas correct de juger de la réalité de ces monnaies et de ce à quoi elles sont utilisées. Cela signifie que les fluctuations et les instabilités des crypto-monnaies dans le monde de la spéculation ne sont pas différentes des fluctuations et des changements du marché boursier. Par conséquent, il faut tenir compte de cette question fondamentale et faire une distinction entre la monnaie fiduciaire et la monnaie numérique, et il n’est pas interdit de créer de nouvelles monnaies qui réalisent les fonctions de base de la monnaie, notamment la fonction de moyen d’échange et de transaction entre les parties contractantes, la fonction d’autorité d’acquittement des dettes et la mesure de la valeur.”
La conférence publique a été suivie d’une session interactive de questions-réponses en direct, au cours de laquelle Son Excellence a répondu aux diverses questions de l’auditoire. Il convient de noter que la conférence a été très populaire, puisqu’elle a été suivie par près de 200 personnes présentes et 50 autres personnes virtuellement via internet. L’auditoire a inclut d’éminents spécialistes de divers domaines universitaires, notamment en Charia, en droit et l’ingénierie, ainsi que de mouftis de la communauté musulmane du Royaume-Uni.
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