LA CONCILIATION ENTRE L’ATTACHEMENT AUX PRINCIPES FONDAMENTAUX DE L’ISLAM ET LES IMPÉRATIFS DE CITOYENNETÉ DES MUSULMANS VIVANT À L’EXTÉRIEUR DU MONDE MUSULMAN

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges et le salut soient

Sur notre Maître Mohamed, Ultime Messager, sur les siens et sur ses compagnons

RÉSOLUTION N°155 (4/17)

LA CONCILIATION ENTRE

L’ATTACHEMENT AUX PRINCIPES FONDAMENTAUX DE L’ISLAM

ET LES IMPÉRATIFS DE CITOYENNETÉ DES MUSULMANS

VIVANT À L’EXTÉRIEUR DU MONDE MUSULMAN

Le Conseil de l’Académie Internationale du Fiqh Islamique, de l’Organisation de la Conférence Islamique; réuni en sa 17e session à Amman (Royaume Hachémite de Jordanie) du 28 Joumada al-Oula au 2 Joumada Al-Akhira 1427H (24-28 Juin 2006) ;

Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « la conciliation entre l’attachement aux principes fondamentaux et les impératifs de citoyenneté des Musulmans vivant à l’extérieur du monde musulman », et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet ;

DÉCIDE CE QUI SUIT :

Premièrement : La citoyenneté signifie le fait de s’affilier à un pays donné et d’en porter la nationalité, tandis que le terme « principes fondamentaux » se réfère aux prescriptions expressément stipulées dans les textes de la Charia, ou admises unanimement au sein de la Oummah et régissant les aspects spirituels, rituels, pratiques et éthiques du vécu des Musulmans, y compris l’obligation de sauvegarde des cinq impératifs : la protection de la religion, de soi, de la postérité, de l’esprit et des biens.

Deuxièmement : Il n’existe aucune interdiction du point de la Charia à la participation des citoyens musulmans des pays non musulmans aux activités sociales, politiques et économiques dans ces pays, aussi longtemps que ces activités ne sont pas contraires aux principes fondamentaux susvisés, surtout lorsque le devoir de citoyenneté l’exige et sous réserve que ces activités ne mettent pas en danger leur identité islamique.

Troisièmement : Il n’y a point d’interdiction pour les Musulmans d’Occident d’ester auprès des tribunaux pratiquant le droit positif lorsqu’ils ne disposent pas d’un autre moyen pour faire reconnaître leurs droits ou obtenir réparation d’un préjudice.

Dans les cas afférents au statut personnel, il est cependant impératif de se conformer aux prescriptions de la Charia en recourant à l’arbitrage islamique ou en sollicitant une Fatwa qui devra alors être scrupuleusement respectée.

Quatrièmement : Dans l’émission de Fatwa, rien ne justifie un statut d’exception pour les musulmans des pays non musulmans , sauf en cas de nécessité absolue, ou d’un besoin général qui pourrait aboutir à des difficultés et des gênes. Les conditions de la Charia afférentes aux cas de nécessité absolue et de besoin devront être scrupuleusement respectées et les dispenses devront être strictement proportionnelles aux contraintes.

RECOMMANDATIONS :

  • L’Académie réaffirme la nécessité de l’interaction entre les citoyens musulmans des pays non islamiques d’une part, et les pays musulmans et communautés musulmanes, d’autre part.

  • L’Académie invite les pays musulmans à prêter leur assistance aux Musulmans extra-muros en vue de renforcer leur présence dans les endroits où ils vivent, par la création d’écoles et d’instituts pour l’enseignement de la religion musulmane et de la langue arabe et de facultés pour la formation des prédicateurs et Imams, sachant toute l’importance de cette assistance pour la sauvegarde de l’identité islamique des musulmans en dehors des pays musulmans.

  • Mettre en place un centre d’information en vue de créer des bases de données sur les Musulmans expatriés dans les pays non membres de l’Organisation de la Conférence Islamique. Les données s’intéresseront notamment à la composition démographique, à l’histoire et au statut de ces Musulmans dans les pays d’accueil, ainsi qu’aux activités des organisations islamiques présentes sur le terrain, et ce dans le cadre d’un état des lieux complet de la situation des Musulmans en dehors des musulmans.
  • Accorder toute l’importance requise à la formation de prédicateurs musulmans qualifiés et aptes à composer avec les réalités de la situation des Musulmans extra-muros dans les pays et dans les sociétés où ils vivent. Leur formation devra porter sur la langue et la connaissance des us et coutumes locales, des réalités politiques et socioéconomiques et des mentalités.

  • Demander aux centres islamiques concernés par les affaires des Musulmans extra-muros de coopérer avec les Académies et les Conseils du Fiqh à l’échelle de la région où ils se trouvent et composés de Musulmans qui évoluent dans le même environnement, et partagent les mêmes préoccupations. Cette forme de coopération aura pour but d’aider les Musulmans expatriés à obtenir la reconnaissance de leurs droits religieux et à trouver des solutions jurisprudentielles adaptées à leur situation.

  • Inviter les Académies et les Conseils du Fiqh basés à l’extérieur du monde musulman à coordonner leurs efforts et à coopérer avec l’Académie internationale du Fiqh en raison de son statut de référence pour la Oummah en matière de sciences et de jurisprudence islamiques.

Allah est plus Savant

Aller en haut