Devant la Chambre des Lords britannique: le Secrétaire général appelle à une charte éthique mondiale pour le pluralisme, la durabilité et la fin de la tragédie en Palestine et Gaza
23 July، 2025

Lors de sa visite officielle au Royaume-Uni, S.E. Prof. Koutoub Moustapha Sano, Secrétaire Général de l’Académie internationale du Fiqh islamique, a prononcé un discours d’ouverture à la Chambre des Lords britannique à l’occasion du lancement du document de politique sur le pluralisme et la durabilité, le lundi 19 Mouharam 1447, correspondant au 14 juillet 2025.

Son Excellence a débuté son allocution en soulignant le symbolisme historique de cette vénérable institution, phare de la liberté, de la démocratie et de l’État de droit. Il a transmis les salutations des savants et penseurs musulmans du monde entier—membres et experts de l’Académie internationale du Fiqh islamique, l’autorité religieuse de référence pour les 57 États membres de l’OCI. Il a également exprimé sa gratitude à Mme Cecille El Beleidi, Consule Générale britannique à Djeddah, et au Prof. Husni Ahmed pour leurs efforts en faveur du dialogue interreligieux et du développement global, ainsi que pour leur rôle prépondérant dans l’organisation de cet événement.

Le Secrétaire Général de l’Académie a ensuite abordé le pluralisme comme une nécessité impérieuse pour affronter les crises de notre époque, précisant que la question du pluralisme et de la durabilité n’est pas un simple slogan passager, mais une exigence existentielle dans un monde en proie aux conflits et à la dégradation environnementale. Il a insisté sur le fait que l’humanité a urgemment besoin d’établir un socle éthique commun pour relever les défis et bouleversements contemporains, en s’appuyant sur le rôle des religions comme cadres moraux unificateurs ancrés dans la conscience humaine, dépassant ainsi leur fonction traditionnelle de simples guides spirituels.

Son Excellence a souligné dans son discours l’échec des approches unilatérales face aux divisions et conflits mondiaux, rappelant que l’expérience a prouvé l’incapacité d’une seule puissance ou idéologie à garantir la paix, préserver la dignité humaine ou réaliser un développement équitable de manière autonome. Il a donc appelé à l’élaboration d’une nouvelle charte éthique mondiale fondée sur la coopération et la justice, guidée par la sagesse et la compassion, et inspirée par notre humanité commune. Il a également affirmé que les traditions religieuses exhortent l’humanité à transcender l’égo et la compétition étroite, élevant plutôt les valeurs de miséricorde, de solidarité et de paix. Il a souligné qu’un ordre mondial juste et pluraliste, basé sur la coopération et la responsabilité morale, n’est plus seulement un choix stratégique, mais l’unique voie existentielle pour affronter les crises complexes de notre ère.

Concernant les valeurs islamiques et les principes du Fiqh dans l’établissement du pluralisme, Son Excellence a expliqué que, d’un point de vue islamique, le pluralisme s’enracine dans un système de valeurs divines contraignantes qui élèvent la dignité humaine. Il a mis en lumière plusieurs valeurs suprêmes de l’Islam formant un cadre éthique pour le pluralisme, notamment :

  • La Miséricorde (Rahma): Une valeur englobant toute la création, comme le stipule le Coran : « Ma miséricorde embrasse toute chose » Al-A’raf 7:156. Il a affirmé que la Charia considère la miséricorde comme le fondement des relations humaines.
  • La Justice (Adl): Au cœur de la gouvernance éthique, la justice impose l’équité, la responsabilité et la protection des droits. Le Coran déclare : « Ô croyants, soyez fermes en justice, témoins pour Allah, même contre vous-mêmes… » An-Nissa 4:135, soulignant ainsi son universalité et son obligation.
  • L’Entre-aide (Tadhamoun): Encourageant la coopération dans le bien et la piété tout en interdisant le péché et l’agression, conformément au verset : « Entraidez-vous dans la vertu et la piété, et ne vous entraidez pas dans le péché et l’agression » Al-Ma’idah 5:2. Cette valeur appelle à défendre le bien commun et rejeter l’oppression.
  • La Consultation (Choura): Promouvant la participation élargie et la prise de décision collective basée sur le respect mutuel et la sagesse commune, comme le confirme le Coran : « Et consulte-les dans les affaires » Aal Imran 3:159. La consultation garantit le pluralisme décisionnel.
  • La Vice-Gérance/Durabilité (Istikhlaf/Istidama): Reconnaissant notre responsabilité collective à développer et préserver la Terre pour les générations futures, fondée sur le verset : « Je vais établir un successeur (Khalifa) sur Terre » (Al-Baqarah 2:30). Les humains, en tant que « lieutenants », sont responsables du développement durable et de la protection environnementale.
  • La Dignité Humaine (Karama): Il a rappelé que l’Islam honore tous les êtres humains sans discrimination d’origine, de religion ou de culture, citant le verset : « Nous avons honoré les enfants d’Adam » Al-Isra 17:70. La protection de la dignité humaine est un objectif moral partagé entre les religions.


Son Excellence a expliqué que ces valeurs supérieures sont soutenues par des principes juridiques islamique (Fiqh) cadrant le pluralisme comme une obligation morale, notamment : « Le préjudice doit être éliminé »—imposant un effort collectif pour éviter les menaces à la santé publique, l’environnement et la sécurité mondiale ; « L’intérêt public prime sur l’intérêt privé » ; « Là où se trouve le bien, se trouve la loi de Dieu » ; « Les actions du gouvernant sont liées au bien-être public ». Il a ainsi souligné que ces principes imposent une responsabilité sociétale partagée face aux crises transnationales. Par conséquent, il a insisté sur le fait que le pluralisme discipliné par l’intérêt public n’est pas seulement permis par la Charia, mais religieusement obligatoire, citant le principe juridique bien connu : « Ce sans quoi une obligation ne peut être accomplie est lui-même obligatoire ».

Son Excellence a également noté que la Charia islamique défend cinq Maqassid (Objectifs Supérieurs de la Charia), formant les finalités de la législation islamique : la préservation de la religion, de la vie, de l’intellect, de la lignée et des biens. Il a soutenu que l’intégration de ces objectifs dans la coopération internationale fournirait une boussole éthique pour traiter les racines de l’injustice, des conflits, des guerres et de la dégradation environnementale. Leur respect par les décideurs garantirait que personne ne soit laissé de côté en matière de sécurité, stabilité et prospérité, faisant du slogan « Ne laisser personne de côté » une réalité tangible.

Sur la durabilité, Son Excellence l’a définie comme « la capacité à répondre aux besoins présents sans compromettre celle des générations futures ». Elle équilibre protection environnementale, croissance économique et justice sociale pour assurer l’épanouissement humain et la préservation de la planète. Il a abordé l’engagement mondial « Ne laisser personne de côté » dans le document de politique proposé, clarifiant qu’il ne s’agit pas seulement d’un objectif de développement, mais d’un impératif moral—un appel profond à écouter les marginalisés, défendre les opprimés et amplifier les voix des oubliés.

Son Excellence a insisté sur le fait qu’aucun lieu ne mérite davantage cet appel mondial que Gaza, qui endure bombardements, massacres, famines et destructions. Il a décrit la situation à Gaza comme une catastrophe humanitaire persistante, condamnant l’injustice systématique subie par les Palestiniens comme un échec moral retentissant de la communauté internationale. Maisons, écoles et vies sont détruites en plein jour devant un monde étrangement silencieux, tandis que femmes, enfants et personnes âgées endurent une souffrance « historique et sans précédent »—un défi flagrant des forces occupantes au droit international et aux principes humanitaires. Il a exhorté le Parlement britannique à assumer sa responsabilité morale et historique en exigeant une solution juste et globale au conflit israélo-palestinien—fondée sur le droit international, les résolutions de l’ONU, la justice et l’humanité partagée. Une telle solution, longtemps attendue, apporterait non seulement la paix à un peuple épuisé par la souffrance, mais restaurerait aussi la confiance dans l’ordre mondial pluraliste.


En conclusion, Son Excellence a réaffirmé l’engagement inébranlable de l’Académie internationale du Fiqh islamique envers ces valeurs dans toutes ses résolutions et recommandations. En tant qu’organe juridique mondial représentant 57 États membres de l’OCI, l’Académie porte la responsabilité de fournir des solutions charaïques efficaces aux défis globaux contemporains—des biotechnologies à l’IA, en passant par la justice économique et la protection environnementale—toutes ancrées dans les objectifs supérieurs de la Charia.

Son Excellence a rappelé que l’Académie—reconnue par plus de 1,9 milliard de musulmans—est une autorité mondiale de premier plan dans la promotion de la modération, de la tolérance et du respect de la diversité religieuse, culturelle et civilisationnelle. Elle a établi de nombreux partenariats, notamment avec le Centre Culturel Islamique (Londres), l’Université de Birmingham et la Mosquée historique de Regent’s Park (Mosquée Centrale de Londres), afin de promouvoir la modération, contrer l’extrémisme et favoriser la coexistence pacifique via l’éducation, le dialogue et l’engagement communautaire.

Dans ses remarques finales devant la Chambre des Lords, Son Excellence a affirmé que le pluralisme enraciné dans les valeurs éthiques et une durabilité responsable est la voie la plus efficace pour résoudre les crises complexes de notre temps. Il a appelé à des efforts internationaux concertés, fondés sur les valeurs humaines partagées, afin d’assurer un monde plus juste et pacifique pour tous—où personne n’est laissé de côté.

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