Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges et le salut soient
Sur notre Maître Mohamed, Ultime Messager, sur les siens et sur ses compagnons
Résolution Nº 203 (9/21)
L’Hérédité, le Génie Génétique et le Génome Humain
Le Conseil de l’Académie Internationale du Fiqh Islamique de l’Organisation de la Coopération Islamique – réuni en sa 21e session à Riyad (Royaume d’Arabie Saoudite), du 15 au 19 Mouharam 1435 (18-22 Novembre 2013),
Après examen des recommandations du séminaire médico-jurisprudentiel, organisé par l’Académie Internationale du Fiqh Islamique en coopération avec l’Organisation Islamique des Sciences Médicales (Kuwait), au sujet de : ” L’Hérédité, le Génie génétique et le Génome Humain” qui a eu lieu à Jeddah (Royaume d’Arabie Saoudite) du 13 au 15 Rabi al-Akhir 1434 H (23-25 Février 2013), et ce en application de la résolution de l’Académie no. 193 (8/20), publiée lors de 20e session tenue à Oran (République Algérienne Démocratique et Populaire) du 26 Chawal au 2 Dhoul al-Qi’da 1433 H(13-18 Septembre 2012).
Et après avoir écouté les discussions et délibérations sur le sujet,
DÉCIDE ce qui suit
Premièrement : le génome humain :
La lecture du génome humain -qui signifie dessiner la carte génétique complète d’un être humain- constitue une partie de la découverte de l’être humain de lui-même, et de son exploration des lois divines qui régissent les créatures d’Allah dans le monde, conformément à Sa parole: « Nous leur montrerons Nos signes dans l’univers et en eux-mêmes,» [Fussilat: 53] ainsi que d’autres versets similaires.
En considérant que la lecture du génome humain est un moyen d’identification de certaines maladies héréditaires ou de la probabilité de leur apparition, elle constitue un complément précieux aux efforts des sciences sanitaires et médicales dans la prévention et le traitement des maladies et elle fait donc partie des actes obligatoires pour une partie de la communauté (Fard Kifaya) ; en tenant compte des règles suivantes :
(1) Il est permis d’utiliser le génome humain ou une partie de celui-ci à des fins utiles, dans la mesure où il vise à réaliser des intérêts conformes à ceux de la Charia, telle que la prévention et le traitement des maladies.
(2) Il n’est pas permis d’utiliser le génome de manière néfaste ou allant à l’encontre de la Charia islamique.
(3) Interdiction de mener de quelconques recherches, thérapies ou diagnostics, sur le génome d’une personne, sans avoir au préalable évalué les risques et avantages potentiels des travaux à mener et veiller à l’application des règles de la Charia en rapport avec ce sujet.
(4) L’obligation d’obtenir une autorisation valide et reconnue par la Charia, afin d’analyser la carte génétique d’une personne, et ce par la personne elle-même ou par son tuteur légal, tout en veillant à son intérêt.
(5) Toute personne bénéficie du droit de décider s’il souhaite ou non être informé des résultats ou des conséquences de tout examen génétique le concernant.
(6) Les résultats d’analyses génétiques, qu’ils soient conservés ou utilisés à des fins de recherche ou à toute autre fin, doivent être traités en toute confidentialité. Le dévoilement de ces informations n’est permis que dans les cas mentionnés dans la résolution de l’Académie no. 79 (10/8), à propos du : « secret médical », et la résolution no. 142 (8/15) concernant «La responsabilité civile du médecin».
De plus, en cas de maladie grave, le médecin est enjoint d’obtenir l’autorisation du patient pour informer sa famille. Si le patient refuse de donner son accord, le médecin doit tout de même tenter de le convaincre afin de protéger la vie des autres membres de la famille.
(7) Insister sur les principes de la Charia -concernant le génome humain- énoncés dans la recommandation du “Séminaire sur l’hérédité, le génie génétique, le génome humain et le traitement génétique” organise par l’OISM en coopération avec l’Académie Internationale du Fiqh Islamique en 1419H.
(8) Nul ne doit faire l’objet de discrimination en raison de ses caractéristiques génétiques, si le but est la violation de ses droits, de ses libertés fondamentales ou l’atteinte à sa dignité.
(9) Il est interdit de mener des recherches cliniques sur le génome humain ou ainsi que toute activité à ce sujet, en particulier dans les domaines de la biologie, de la génétique et de la médecine, qui contredisent les règles de la Charia, ou ne respectent pas les droits de l’homme reconnus par la Charia.
Le traitement génétique des cellules humaines (thérapie génique ou génothérapie)
Il s’agit de transférer une partie de l’ADN (ou d’un gène d’ajustement) pour le remplacement d’un gène infecté et ainsi restaurer une fonction génétique antérieure dans la cellule.
La génothérapie se divise en deux types, et ce en fonction de la cellule traitée :
Premier type : traitement génétique des cellules somatiques
Ce type de traitement inclut toutes les cellules du corps, et son jugement diffère selon l’objectif recherche. Si la guérison est le but réel du traitement génétique, celui-ci est autorisé avec les conditions suivantes :
(1) Le traitement ne doit pas causer un mal plus grand que le mal déjà existant.
(2) Le traitement n’est autorisé que s’il permet, de manière probable, une guérison ou une atténuation de la douleur.
(3) Aucune alternative ne doit exister.
(4) Respecter les conditions de la transplantation d’organes, concernant le donateur et le receveur, reconnues par la Charia comme l’a indiqué l’Académie dans sa résolution n° 57 (8/6). En outre, le traitement génétique doit être effectué par des spécialistes du domaine, connus pour leur expertise, et leur loyauté.
Quant au fait d’avoir recours au traitement génétique afin d’acquérir certaines caractéristiques comme l’apparence, cela n’est pas permis. En plus d’impliquer l’altération de la création d’Allah -qui est un acte interdit par la Charia-, c’est aussi un affront et un mépris de la dignité humaine, outre le fait qu’il n’y ait pas de nécessite ou besoin reconnu par la Charia.
Deuxième type : Traitement génétique des cellules génitales (germinales)
Cela concerne le traitement génétique des cellules sexuelles (reproductrices). Il est permis de procéder à un examen génétique de ces cellules afin de déterminer si elles souffrent ou non d’une maladie génétique.
Toutefois, le traitement génétique des cellules génitales dans sa forme actuelle, qui ne respecte pas les règles de la Charia, en particulier en ce qui concerne le mélange des lignées, est interdit compte tenu du danger et des dommages que cela entraîne.
Deuxièmement : Le Génie Génétique
(1) Il est interdit d’utiliser le génie génétique dans le but de modifier la configuration génétique au moyen de ce que l’on appelle « l’amélioration de la descendance humaine ». Toute tentative d’altération génétique sur la personnalité de l’humain ou d’ingérence dans sa capacité à être responsable de sa propre personne est interdite par la Charia.
(2) L’utilisation du génie génétique dans les domaines de la botanique et de la zoologie est en principe permise, sous certaines restrictions :
a) Une telle utilisation ne doit pas causer de préjudice à court ou long terme.
- b) Elle doit avoir un motif fondé et permis, sans abus ni gaspillage.
- c) Cette entreprise doit être menée par des gens expérimentés et de confiance.
(3) Le génie génétique ne doit pas être utilisé à des fins nuisibles.
Troisièmement : Le Conseil Génétique
Le conseil génétique vise à fournir aux demandeurs les connaissances exactes, en plus des prévisions et des statistiques réalisées à cet effet. La prise de décision se fera entre les personnes concernées et le médecin traitant, sans qu’aucune pression ne soit exercée sur eux pour influer sur leur décision. Ce processus implique un certain nombre d’actions dont :
- a) Mettre en place des services du conseil génétique pour les familles ou les futurs mariés, en mettant à leur disposition des spécialistes compétents, et utiliser tous les moyens disponibles pour sensibiliser et instruire les masses et que le bénéfice soit général.
- b) Effectuer le conseil génétique conformément à la clause relative à « Dépistage Génétique Préventif» dans la présente résolution, à condition que ses résultats n’entraînent aucune action obligatoire.
- c) Les résultants du conseil génétique doivent être totalement confidentiels.
- d) Propager les connaissances concernant le conseil génétique au niveau des instituts médicaux et sanitaires, des écoles, des médias et des lieux de culte, et ce par des personnes hautement qualifiées dans le domaine.
- e) Les familles qui voient se développer une maladie génétique chez certains de leurs proches, doivent consulter les médecins pour connaître le degré de transmission de cette maladie.
Jugements de la Charia sur le Traitement Génétique :
Les jugements du traitement génétique diffèrent comme suit :
- a) Jugement de la Charia sur le dépistage génétique préventif :
Ce type de dépistage est autorisé, à condition que les moyens utilisés soient autorisés et ne comportent pas de dangers. Par ailleurs, l’autorité nationale compétente a le droit d’imposer un tel dispositif, pour préserver l’intérêt public, et ce lorsqu’une maladie épidémique se propage dans un pays, ou lorsque l’état se trouve exposé à des matières radioactives ou toxiques pouvant affecter les gènes. Toutefois, les résultats de l’enquête doivent rester confidentiels afin de préserver l’honneur et la vie privée de la personne, conformément aux prescriptions divines, afin que les objectifs et les principes de la Charia soient réalisés.
- b) Le jugement de la Charia sur le test génétique avant le mariage :
Il est permis de procéder à un examen génétique avant le mariage, tant que les moyens utilisés sont autorisés et sans danger, dans la mesure où ce processus réalise les objectifs de la Charia et protège la famille des maladies génétiques. L’autorité compétente peut également l’imposer afin de réaliser un intérêt public reconnu par la Charia.
- c) Jugement de la Charia sur le diagnostic génétique avant l’injection du spermatozoïde (fécondation in vitro) :
Il est permis de poser un diagnostic génétique avant l’injection du spermatozoïde, après la fécondation in vitro (bébés éprouvettes), à condition que les mesures de précaution soient prises pour éviter le mélange des échantillons et pour les protéger.
- d) Jugement de la Charia sur l’examen génétique pendant la grossesse :
Cette méthode peut recourir à des moyens médicaux différents et peut être réalisée à différents stades de la grossesse : au début, au milieu ou à la fin.
S’il est prouvé qu’il existe une maladie génétique, il est permis de faire avorter la femme, comme indiqué dans la Résolution no. 56 (6/7) de l’Académie Internationale du Fiqh Islamique sur l’avortement.
- e) Jugement de la Charia sur l’examen génétique après l’accouchement
Un examen génétique doit être effectué pour les nouveau-nés afin de donner une chance d’intervention précoce lorsqu’il existe des cas curables.
L’Académie recommande ce qui suit :
- Sensibiliser au sujet des maladies génétiques et diminuer leur propagation.
- Encourager les tests génétiques avant le mariage par le biais de campagnes de sensibilisation par les médias, l’organisation de séminaires dans les lieux de culte.
- Appeler les autorités sanitaires nationales à augmenter le nombre d’unités génétiques humaines afin de faciliter l’accès aux services de consultants en conseil génétique et d’élargir la portée des services de santé dans le domaine de la génétique diagnostique et thérapeutique afin d’améliorer la santé génétique.
- Demander à l’Organisation Islamique pour les Sciences Médicales et à d’autres institutions spécialisées de suivre les nouveaux développements dans le domaine du génie génétique.
- Appeler les pays musulmans à accorder une plus grande attention à tous les domaines du génie génétique reconnus par la Charia. Cela nécessiterait l’exécution de plusieurs tâches, notamment :
- La création de centres de recherche spécialisés travaillant dans ce domaine avec le maximum de synergie possible et une conformité totale aux règles et aux principes de la Charia.
- La mise à disposition de ressources humaines hautement qualifiées pour travailler dans ces centres.
- Inclure la génétique dans les programmes d’enseignement à différents niveaux.
- Travailler à vulgariser les travaux de recherche en génétique, en vue de les diffuser au grand public par le biais des médias.
- Les pays musulmans sont priés de fournir un service gratuit de ce type aux populations nécessiteuses qui ne peuvent se permettre de payer le prix élevé.
- Les entreprises qui produisent des produits d’origine animale ou végétale doivent indiquer clairement si certains de leurs produits sont fabriqués ou non au moyen de techniques de génie génétique afin que les consommateurs puissent en être informés.
- Demander aux pays musulmans d’édicter les règles et règlements nécessaires pour protéger leur population d’être prise comme des cobayes.
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