Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
Louanges à Allah, Seigneur des Mondes.
Que les éloges, et le Salut soient sur notre Maître Mohamed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.
Résolution Nº 210 (6/22)
Transmutation et Dilution des Additifs dans les Produits Alimentaires et les Médicaments
Le Conseil de l’Académie Internationale du Fiqh Islamique de l’Organisation de la Coopération Islamique, réuni en sa 22e session au Koweït (l’État du Koweït), du 2 au 5 Joumada al-Akhira 1436 (22-25 Mars 2015).
Après avoir chargé le séminaire tenu par le Secrétariat de l’Académie de l’étude des questions concernant : Transformation et Dilution des Additifs dans les Produits Alimentaires et les Médicaments,
Décide ce qui suit :
Premièrement : En ce qui concerne la définition de la transformation, le Conseil réaffirme l’adoption de la définition énoncée dans sa résolution n° 198 (4/21) en y ajoutant un complément pour qu’il soit formulé comme suit :
Dans la terminologie du fiqh, le terme (Istihala) transformation désigne le changement de la nature d’une matière impure ou interdite à la consommation et la transformation de sa substance vers une autre matière différente de la première par son appellation, ses particularités et ses caractéristiques. Dans la terminologie scientifique courante, il désigne toute interaction chimique complète, telle que : la transformation des huiles et des graisses d’origines différentes en savon.
Les interactions chimiques peuvent se produire volontairement par le biais de procédés scientifiques et techniques et peuvent également avoir lieu – de manière imprévisible – sous différentes formes évoquées par les Fuqahas, notamment : l’acétification, le tannage et la combustion. Si l’interaction chimique n’est que partielle, il n’y a pas transformation (istihala) et, par conséquent, si la substance en question est impure à l’origine elle le restera et il ne sera pas permis de l’utiliser.
En ce qui concerne la dilution (Istihlak), c’est «l’immersion d’une substance dans une autre de telle sorte que les caractéristiques et les attributs de la substance immergée disparaissent complètement et qu’elle ne soit plus identifiable de quelque manière que ce soit».
Dans tous les points susmentionnés, il convient de respecter les règles et normes convenues entre spécialistes dans ce domaine.
Deuxièmement : En ce qui concerne le plasma sanguin – qui fut mentionné dans la résolution mentionnée précédemment – le Conseil estime que le sujet doit être réexaminé en raison de la disponibilité de nouvelles informations. Le secrétariat de l’Académie se chargera de constituer un comité à cet effet.
Troisièmement : Compte tenu de la résolution susmentionnée de l’Académie concernant la dilution: l’Académie décide de reporter ce sujet pour de plus amples recherches.
Quatrièmement : En ce qui concerne l’alcool, la gélatine et leur transformation :
Les participants ont approuvé ce qui fut déclaré dans la fatwa et la recommandation émises par l’Organisation Islamique des Sciences Médicales (IOMS), lors du séminaire sur «les Substances Interdites et Impures dans les Aliments et les Médicaments», tenu au Koweït (l’État du Koweït), du 22 au 24 Dhoul al-Hidjah 1415, (22-24 mai 1995), au siège de l’Organisation Islamique des Sciences Médicales (IOMS). Le texte de la fatwa et de la recommandation étant le suivant :
Les Principes généraux :
Premièrement : Il est obligatoire pour tout musulman de respecter les règles de la Charia et tout particulièrement dans le domaine de l’alimentation et des médicaments, afin d’assurer la pureté de sa nourriture, de ses boissons et de son remède. De plus, la Miséricorde d’Allah pour Ses serviteurs et la facilité de suivre Ses lois se manifeste notamment dans la prise en considération des cas de nécessité impérieuse et de besoin, principes compris dans les principes établis par la Charia, tels que : “Les nécessités impérieuses autorisent ce qui est interdit”, “Le besoin est considéré comme nécessité impérieuse lorsqu’il est incontournable”, “toute chose est en principe licite tant aucune preuve tangible ne l’interdit”, de même, que toute chose est en principe pure tant qu’aucune preuve tangible n’indique son impureté”. “L’interdiction de manger ou boire une chose n’implique pas que cette chose soit impure”.
Deuxièmement : La Charia ne considère pas l’alcool comme une substance impure, conformément au principe mentionné précédemment selon lequel les substances sont en principe pures. Ce jugement est valable qu’il s’agisse d’alcool pur ou ajouté à de l’eau.
Par conséquent, il n’y a pas de mal, selon la Charia, à utiliser l’alcool à des fins médicales, comme pour désinfecter la peau (plaies) ou les instruments ou pour tuer les bactéries.
L’utilisation de parfums (eau de Cologne) dans lesquels l’alcool est utilisé pour distiller les matières odorantes volatiles ou de crèmes contenant de l’alcool ne présente aucun inconvénient. Néanmoins, cette autorisation n’inclut pas les boissons alcoolisées, car toute utilisation de celles-ci est interdite.
Troisièmement : Malgré que l’alcool est une substance enivrante et que sa consommation est interdite, et jusqu’à ce que les musulmans réalisent leur ambition de fabriquer des médicaments sans alcool, en particulier pour les enfants et les femmes pendant la grossesse, rien n’interdit dans la Charia l’utilisation de médicaments contenant une quantité infime d’alcool à des fins de conservation ou de distillation d’éléments qui ne peuvent se dissoudre dans l’eau.
Cependant, l’alcool ne doit pas être utilisé dans ces médicaments comme sédatif et l’on ne doit y avoir recours qu’en l’absence de tout autre substitut thérapeutique. Le séminaire recommande à cet égard que les autorités sanitaires concernées déterminent ces taux d’alcool à utiliser en fonction des normes scientifiques et des réglementations concernant les médicaments.
Quatrièmement : Il est interdit de consommer des denrées alimentaires contenant une quantité de boissons alcoolisées même si la quantité est faible, notamment les denrées alimentaires largement utilisées dans les pays occidentaux comme certains types de chocolats et de produits surgelés (glaces et crèmes glacées) et certaines boissons gazeuses en raison du principe issu de la Charia selon lequel les produits enivrants sont interdits qu’ils soient consommés en petite ou grande quantité, outre le fait qu’il n’y ait pas de motif légiféré qui justifie leur utilisation.
Cinquièmement : Les produits alimentaires dans lesquels une faible quantité d’alcool est utilisée pour distiller des éléments qui ne peuvent se dissoudre dans l’eau, tels que les colorants, les conservateurs et autres sont permis à la consommation, car ils sont devenus très fréquents et que la plus grande partie de ces alcools s’évaporent et se dissipent lors de la fabrication de ces aliments selon les réglementations et indications des autorités sanitaires et alimentaires. Néanmoins, les fabricants doivent chercher à utiliser des substituts sans alcool.
Sixièmement : Les denrées alimentaires comprenant de la graisse de porc, comme certains types de fromage, d’huile, de graisse, de ghee et de beurre ainsi que certains types de biscuits, de chocolats et de crèmes glacées, sont strictement interdites, en raison de l’avis unanime des érudits de la Charia concernant l’impureté du porc et l’interdiction de le consommer et parce qu’il n’existe aucun motif impérieux justifiant la consommation de ces produits.
Septièmement : La gélatine. Le Conseil de l’Académie a décidé de demander à son Secrétariat de reporter l’étude de la question pour un surcroît de recherches et d’études.
Hormones et Enzymes
- L’hormone est une substance chimique que les glandes endocrines sécrètent dans le sang et régule de nombreux processus métaboliques et structurels vitaux. Les effets de l’hormone s’appliquent à tout le corps.
- L’enzyme est une molécule de protéine sécrétée par les cellules du corps. Elle a un effet local qui accélère l’interaction chimique dans les organismes sans être consommée.
- L’héparine extraite de porc ne doit être utilisée qu’en cas de nécessité impérieuse lorsqu’elle est modifiée pour obtenir une héparine de bas poids moléculaire, car cette opération ne constitue pas un processus de transformation chimique pouvant servir de base à un jugement indépendant. Cependant, il n’y a pas de mal à utiliser l’héparine préparée par génie génétique sans aucun composant de porc.
- L’utilisation d’insuline extraite de porc est interdite, sauf en cas de nécessité impérieuse, car il existe des substituts licites. L’utilisation d’insuline humaine et de ses analogues préparés par génie génétique est quant à elle autorisée.
- Valves cardiaques : les valves de substitution peuvent être de substances métalliques ou organiques (humaine ou animale) et leur utilisation est permise. Quant aux valves issues du porc il est interdit de les utiliser sauf en cas de nécessité impérieuse.
LE CONSEIL A DONC DÉCIDÉ CE QUI SUIT :
- Fromage fabriqué à partir de la présure :
(1) La présure de porc est interdite et considérée comme impure.
(2) Si la présure est extraite d’un animal comestible qui a été égorgé conformément aux principes de la Charia, elle est considérée comme pure et halal.
(3) Si la présure est extraite d’une bête morte ou qui n’a pas été abattue conformément aux principes de la Charia, la plupart des participants sont d’avis qu’elle est impure et non halal.
(4) Il est permis d’utiliser de la présure préparée par génie génétique à partir du gène qui l’a produite.
- Eaux usées traitées
Il s’agit d’eau que les gens ont utilisée pour leurs besoins quotidiens dans le domaine domestique, celui des services ou de l’industrie et qui est porteuse de différentes sortes de déchets humains et industriels.
L’utilisation des eaux usées traitées
Le Conseil a décidé qu’il est permis d’utiliser les eaux usées traitées à des fins telles que le lavage des sols et des vêtements. Elles peuvent également être utilisées pour l’irrigation de cultures agricoles non comestibles tant que cela n’est pas nocif. Dans le cas contraire, elles ne doivent pas être utilisées pour éviter ses conséquences néfastes.
Il est permis de les utiliser dans la nourriture ou pour boire si elles ne sont pas nocives. Il n’est permis de les utiliser dans les adorations qu’après s’être assuré de leur pureté.
L’ACADÉMIE RECOMMANDE CE QUI SUIT :
(1) Agir pour le traitement des eaux usées, même si elles ne sont pas réutilisées, est un devoir dicté par la Charia, et ce afin d’éviter tout danger pour l’être humain et l’environnement qui pourrait découler de leur accumulation. Ceci est une obligation indépendamment des avantages économiques générés par ce recyclage et même si les eaux usées traitées sont simplement évacuées dans les mers et les rivières, car la règle dit que : ” l’élimination du mal doit précéder la recherche de l’intérêt.”
(2) Sensibiliser à l’utilisation raisonnable de l’eau dans les différents domaines comme les utilisations domestiques, le domaine des services ou de l’agriculture, car la Charia pleine de sagesse encourage à cela.
(3) La poursuite des recherches scientifiques sur les méthodes de traitement des eaux usées les plus appropriées, les plus économiques et les moins consommatrices d’énergie, afin d’éviter toute conséquence néfaste.
(4) La poursuite des recherches et des expériences scientifiques garantissant que les eaux usées traitées soient propres à être utilisées dans les différents domaines licites.
(5) Le contrôle strict des installations et des personnes en charge du traitement des eaux usées.
(6) La surveillance continue du caractère inoffensif des cultures et des aliments irrigués par les eaux usées traitées.
(7) Informer les consommateurs sur les produits qui dépendent de l’irrigation en eaux usées, afin qu’ils puissent acheter en connaissance de cause.
(8) Utiliser les déchets des eaux usées pour la production d’énergie et afin d’atténuer la pollution de l’environnement.
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Les fourrages : L’utilisation des fourrages contenant des composants interdits et leurs effets :
Le Conseil de l’Académie a décidé d’interdire les fourrages contenant des déchets d’animaux morts, de sang, de porc, d’hormones et d’antibiotiques, car ces substances causent des dommages graves sur la santé.
Le Conseil recommande également aux pays musulmans de procéder aux investigations nécessaires lors de l’importation de fourrages de pays étrangers pour s’assurer qu’ils ne contiennent pas les substances interdites mentionnées ci-dessus.
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