À l’invitation de la Commission des valeurs mobilières de Malaisie, S.E. Prof. Koutoub Moustapha Sano, Secrétaire général de l’Académie, a donné une conférence scientifique sur Maqacid Charia dans l’économie islamique lors du 2ème séminaire pour les conseillers chariatiques des banques et institutions financières islamiques de Malaisie, le jeudi 10 Chawal 1445, correspondant au 25 avril 2024, au siège de la Commission des valeurs mobilières de la Banque centrale de Malaisie.
Son Excellence a commencé sa conférence en exprimant ses remerciements à la Commission des valeurs mobilières pour l’avoir invité à participer à cet important symposium, qui est considéré comme un forum scientifique pour les conseillers en charia des institutions financières islamiques émergentes, et en louant le choix du sujet de la conférence, Il a salué le choix du thème de la conférence, qui est nécessaire de toute urgence pour renforcer la sensibilisation et maximiser l’attention portée à ce sujet, en soulignant son importance, son statut, la manière de l’activer et de l’utiliser pour faire progresser l’économie islamique en général et les valeurs mobilières en particulier, dans l’espoir de mettre un terme au discours répétitif général sur les Maqacid (intentions ou objectifs supérieurs de la Charia).
Son Excellence a souligné que l’économie islamique est incluse dans la jurisprudence islamique, notamment dans la catégorie des transactions financières, et qu’elle a des objectifs qui lui sont propres et qui découlent de l’objectif général caractérisé par la préservation de l’argent, qui est l’un des intérêts nécessaires et l’un des objectifs généraux de la loi islamique. Son Excellence a expliqué que la capacité de l’économie islamique à faire face aux effets dévastateurs des crises économiques mondiales contemporaines résultant de conflits, de guerres et de troubles dépend principalement d’une prise de conscience profonde ds Maqacid de l’argent afin de la considérer comme un cadre général pour des solutions efficaces capables de faire face à ces effets. Par conséquent, les juristes, les érudits et les décideurs économiques doivent explorer des solutions appropriées aux crises à la lumière de ces Maqacid claires pour déterminer et souligner que l’économie islamique ne répond pas seulement aux besoins matériels individuels, mais aussi aux besoins matériels de la communauté dans son ensemble. Son Excellence a ensuite évoqué les Maqacid les plus importantes de l’économie islamique, dont l’Imam Muhammad al-Tahir Ibn Ashur, rahimahu Allah, est considéré comme le fondateur moderne et le rénovateur du domaine des Maqacid dans son livre intitulé Maqacid al-Charia al-Islamiya, où il explique que les Maqacid Charia dans les transactions financières sont au nombre de cinq, Il a souligné que ces objectifs représentent les buts pour lesquels les contrats, les ventes et les transactions ont été légiférés, ainsi que la sagesse et les secrets qui sous-tendent l’interdiction de nombreux contrats et transactions qui sont des perles de sagesse permettant d’atteindre ces objectifs.
Son Excellence a souligné que la préservation de l’objectif de prospérité est l’objectif de l’interdiction de la thésaurisation, du monopole, du favoritisme et de la corruption, car il s’agit de transactions qui nuisent à la croissance de la richesse et à sa circulation dans la société ; la préservation de l’objectif de justice est également l’objectif de l’interdiction du riba, des pots-de-vin, de la falsification, de l’exploitation, de la tricherie et de la tromperie ; La préservation de l’objectif de clarté vise à interdire la vente de gharar (incertitude) et les transactions fondées sur l’ignorance ; la préservation de l’objectif de stabilité vise à établir des contrats qui assurent la durabilité et le bien-être global de l’individu et de la société ; et la protection du principe de préservation vise à atteindre tous les objectifs susmentionnés.
Son Excellence a expliqué que ces objectifs découlent des principes sur lesquels repose la vision islamique de la richesse et de la propriété, à savoir que la richesse appartient à Allah et que l’homme en est le dépositaire, ce qui signifie que l’homme doit se conformer à sa disposition de la richesse en gagnant, dépensant et finançant selon ce qu’Allah a légiféré pour nous. Il ne peut violer Ses ordres et Ses interdictions parce qu’Allah est le véritable propriétaire de la richesse, et cette doctrine est basée sur le fait de considérer l’argent comme l’une des nécessités de la vie qui doit être préservée. Elle repose également sur le fait que la passion de l’argent est considérée comme un instinct de naissance, ce qui n’entre pas en conflit avec la charia, sauf si cet attachement dépasse les limites légitimes, par exemple en conduisant à l’accaparement, à la thésaurisation et à la collecte de l’argent par des moyens interdits. Enfin, ce point de vue repose sur le fait que l’argent est considéré comme un moyen et non comme une fin en soi, ce qui fait que la manière dont il est collecté, consommé, dépensé et financé dépend de la mesure dans laquelle il permet d’atteindre les objectifs de la charia susmentionnés.
Sur la base de ce qui précède, Son Excellence a appelé les superviseurs de la charia à considérer les objectifs de la charia en matière de transactions financières comme le cadre régissant le discours sur les questions et les problèmes liés aux transactions. Il les a invités à se référer à ces objectifs et à les prendre comme critère et point de référence pour pondérer et choisir entre les différentes opinions jurisprudentielles concernant les contrats et les transactions, en particulier lorsqu’ils sont confrontés à des défis financiers avec de nouveaux contrats et de nouvelles transactions, étant donné qu’il s’agit des fins et des résultats que les contrats et les transactions sont censés atteindre en vertu de la loi. Son Excellence a conclu en renouvelant son appel et en invitant les chercheurs, les universitaires et tous ceux qui s’intéressent à la finance islamique à accorder plus d’attention aux objectifs de la charia dans les différents sujets et questions.
Son Excellence a exprimé l’espoir que l’arène économique islamique contemporaine soit le théâtre d’études scientifiques plus sérieuses et plus approfondies qui révèlent des Maqacid de l’économie islamique en général et de ses sujets et thèmes en particulier. Il a également espéré que les auditeurs de la charia appliqueraient ces maqacid saines et claires lorsqu’ils feraient leur ijtihad sur de nouveaux contrats et transactions en général et lorsqu’ils évalueraient et choisiraient entre plusieurs opinions. Son Excellence espère que les auditeurs de la charia activeront ces objectifs sains et clairs lorsqu’ils établiront une jurisprudence sur les nouveaux contrats et les nouvelles transactions en général et lorsqu’ils évalueront et choisiront entre les opinions jurisprudentielles anciennes et modernes et la jurisprudence tissée autour des contrats et des transactions en particulier, espérant que les contrats, les transactions et les ventes deviendront des contrats, des transactions et des ventes qui aideront la société à lutter contre la pauvreté, à réduire la disparité entre les individus et à réaliser la justice sociale et le bien-être global de l’individu et de la société.
À la fin de la conférence, Son Excellence a répondu à plusieurs questions soulevées par certains participants, notamment en soulignant que le fait que l’imam Ibn Ashour considère la préservation de la richesse comme l’un des Maqacid liés aux transactions financières est problématique et qu’il ne le reconnaît pas, étant donné que la préservation de la richesse est l’un des cinq objectifs généraux de la charia, et non un objectif spécial ou partiel. Par conséquent, la première chose à faire est de considérer la réalisation d’un bien-être global comme un cinquième objectif, en plus des quatre objectifs précédents de la charia.
A animé le débat, le Dr. Marjan bint Mohammed, directrice exécutive par intérim de ISRA.
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