Conférence du Secrétaire général sur la recherche jurisprudentielle contemporaine à l’Université Mohamed Bin Zayed des Sciences Humaines
8 December، 2025

À l’aimable invitation de l’Université Mohamed Bin Zayed des Sciences Humaines d’Abu Dhabi, Son Excellence le Professeur Dr Koutoub Moustapha Sano, Secrétaire Général de l’Académie Internationale de Fiqh Islamique, a donné, le mardi 11 novembre 2025, au siège de l’université une conférence intitulée « La recherche jurisprudentielle contemporaine : méthodologie, caractéristiques, impacts et perspectives ».

Ont assisté à cette conférence Son Excellence Dr Khalifa bin Mubarak Al-Dhaheri, Président de l’Université ; Son Excellence le Professeur Dr Ridwan Al-Sayyid, Doyen de la Faculté des Études Supérieures ; Son Excellence Dr Mohammed Al-Bashari, Secrétaire général du Conseil Mondial des Communautés Musulmanes, ainsi qu’un groupe important de professeurs et d’étudiants.

Son Excellence a débuté son discours en exprimant sa profonde gratitude à la direction de l’université pour son aimable invitation, son accueil chaleureux et sa généreuse hospitalité. Il a salué les remarquables réalisations de l’université en si peu de temps depuis sa création, affirmant que l’Université Mohamed Bin Zayed des Sciences Humaines est devenue un phare académique prestigieux, alliant rigueur méthodologique, profondeur culturelle, conscience contemporaine et vision d’avenir. Il a souligné son rôle croissant dans la promotion de la recherche scientifique rigoureuse et le renforcement de l’identité civilisationnelle islamique : fidèle à sa religion, loyale à sa patrie et à ses dirigeants, et attachée à la modération, à l’équilibre et à la tolérance.

Il a ensuite proposé une définition historique du terme « fiqh » en islam, notant qu’il englobait à l’origine les significations d’islam, de foi et de charité telles qu’elles sont mentionnées dans les traditions prophétiques, avant de se spécialiser pour désigner la connaissance des règles juridiques pratiques. Il a expliqué que cette spécialisation est apparue à la fin du premier siècle de l’Hégire, lorsque le besoin s’est fait sentir de clarifier la terminologie et de distinguer les différentes sciences. Abordant ensuite la question des méthodologies de recherche jurisprudentielle, Son Excellence a expliqué qu’elles convergent selon trois axes interdépendants : La méthode textuelle et traditionnelle, La méthode rationnelle et analogique, La méthode conciliatrice qui allie texte et raison.

Il a passé en revue les principales écoles de jurisprudence et leurs caractéristiques : l’école hanafite, caractérisée par la rationalité et l’analogie ; l’école malikite, par le réalisme et le recours à la pratique des Médinois ; la tentative de l’imam al-Shafi’i de combiner les deux approches ; le large recours des hanbalites aux textes prophétiques authentiques ; la sélectivité de l’école ja’farite (chiite), qui exigeait des narrateurs issus de la famille du Prophète ; et le recours à la raison par l’école ibadite lorsque les traditions étaient rares. Il a conclu que la diversité et l’interaction de ces écoles ont façonné la méthodologie de la jurisprudence islamique. Son Excellence a également souligné les caractéristiques du savoir jurisprudentiel, en notant son approche comparative des sources islamiques, son orientation vers des décisions pratiques guidées par des objectifs (maqasid) et sa distinction par rapport aux autres sciences islamiques. Il a défini la recherche jurisprudentielle comme une science religieuse fermement ancrée dans ses fondements (le Coran et la Sunna authentique), tout en s’appuyant sur les objectifs supérieurs de la Charia et sur des valeurs universelles telles que la justice et la miséricorde. Ces caractéristiques, a-t-il insisté, confèrent à la jurisprudence un rôle civilisationnel dans l’histoire de la communauté musulmane.

Concernant l’impact de la recherche jurisprudentielle sur la législation et la construction de la civilisation, Son Excellence a expliqué qu’elle a constitué une force fondamentale tout au long de l’histoire islamique, en ancrant la justice et la miséricorde dans le système judiciaire et les fatwas, en établissant des systèmes législatifs complets et en développant des mécanismes de régulation modernes tels que les dotations islamiques et les banques sans intérêt. Il a cité des exemples d’applications contemporaines, comme les contributions de l’école malikite à l’équité judiciaire et le recours à l’analogie par l’école hanafite pour apporter des solutions flexibles aux problèmes émergents.

Il a ensuite abordé les perspectives de la recherche jurisprudentielle à la lumière des transformations numériques et de l’intelligence artificielle, soulignant que la numérisation offre de vastes opportunités aux chercheurs. Il a insisté sur l’importance d’utiliser les outils numériques modernes et l’IA en jurisprudence, notamment pour analyser et classer électroniquement les hadiths en quelques minutes au lieu de plusieurs semaines. Il a décrit ces technologies comme des atouts précieux pour la religion, tout en précisant qu’elles ne doivent pas se substituer au travail des chercheurs. Il a souligné la nécessité de préserver les principes et les valeurs de la charia lors de leur utilisation, citant des exemples de chercheurs ayant vérifié l’authenticité des hadiths à l’aide de bases de données modernes, tout en intégrant les résultats à la compréhension de la charia.

Son Excellence a également évoqué l’importance de lier la jurisprudence aux sciences humaines et sociales pour appréhender le contexte humain dans lequel les textes sont appliqués. Il a souligné que les juristes contemporains doivent maîtriser les sciences sociales et culturelles pour saisir les réalités humaines modernes, ce qui leur permettra d’émettre des décisions et des concepts répondant aux besoins actuels. Il a plaidé pour encourager la double spécialisation (jurisprudence et sciences humaines) et pour doter les étudiants en études islamiques de connaissances fondamentales en sciences humaines afin d’approfondir leur compréhension du réel. Dans le cadre de la préservation et du renouvellement judicieux et conscient de la recherche jurisprudentielle, sans compromettre les fondements ni s’accrocher rigidement au patrimoine, Son Excellence a déclaré : « Notre responsabilité aujourd’hui, en tant qu’universitaires, chercheurs et institutions académiques, est de préserver la recherche jurisprudentielle en la renouvelant consciemment – ​​sans négliger les fondements ni nous figer dans le patrimoine, mais en nous efforçant, à la lumière des objectifs et guidés par les textes, de répondre aux défis de l’ère numérique et au-delà, afin que la jurisprudence islamique demeure un phare, un juste équilibre et une source de miséricorde pour toute l’humanité.»

Il a exprimé sa confiance en l’Université Mohamed Bin Zayed des Sciences Humaines, forte de son leadership éclairé et de sa vision, pour mener à bien cette transformation méthodologique souhaitée et former une génération de juristes créatifs alliant authenticité et modernité, effort et innovation, au service de leur religion, de leur patrie et de l’humanité.

À la fin de sa conférence, Son Excellence a salué le rôle pionnier de l’Université Mohamed Bin Zayed des Sciences Humaines, modèle de référence qui conjugue authenticité méthodologique, profondeur culturelle et conscience contemporaine. Il a souligné que l’établissement est rapidement devenu un phare académique prestigieux, reconnu à la fois pour ses compétences en sciences humaines et en jurisprudence. Il a affirmé que la conférence avait atteint son objectif, à savoir mettre en lumière l’importance de la recherche jurisprudentielle contemporaine et encourager son développement au service de la religion, de la patrie et de l’humanité avec assurance et clarté.

La conférence a suscité des réactions positives de la part du public, qui a salué la qualité de l’exposé de Son Excellence. Le Dr Khalifa bin Mubarak Al-Dhaheri, président de l’université, lui a remis une plaque commémorative en reconnaissance de ses contributions scientifiques et de son engagement au service de la jurisprudence islamique et de l’humanité.

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