Au nom d’Allah le Tout Miséricordieux le Très Miséricordieux

Louange à Allah, Seigneur des mondes, et que les éloges et la paix soient sur notre maître Mohamed l’ultime messager, sur sa Famille, ses Compagnons, et sur tous ceux qui les suivirent jusqu’au Jugement dernier,

Étant donné le nombre croissant de malades et de morts dû à la propagation de la pandémie du Coronavirus, dans le monde entier, et vu que cette maladie ne cesse de se répandre, l’Académie internationale du Fiqh islamique – issue de l’Organisation de la Coopération Islamique – a organisé le deuxième symposium médical juridique de cette année qui s’intitule: “Le nouveau Coronavirus (Covid-19) : Traitements médicaux et Dispositions de la Charia”, tenu par la vidéoconférence le 23 Chabane 1441, correspondant au 16 avril 2020.

Lors de la conférence, Son Excellence Dr. Yousef Al-Othaimeen, Secrétaire-Général de l’Organisation de la Coopération Islamique, a souligné, dans sa locution, que ce symposium offre l’occasion de concilier entre les avis des savants dans les domaines de la médecine et ceux de la Charia, afin de prendre une position convergente contribuant à renforcer les projets des décideurs au sein des États membres, d’autant plus que la pandémie du Coronavirus menace l’ensemble de l’humanité, sans distinction de couleur, de race, ou de religion.

D’autre part, Son Excellence le Cheikh Dr Saleh bin Humaid, conseiller à la Cour Royale Saoudienne et Président de l’Académie, a prononcé un discours dans lequel il a parlé du rôle important de l’Académie internationale du Fiqh islamique qui s’occupe, depuis sa création, à l’instauration des bases du Fiqh médical, et à résoudre les problèmes émergents, dont les questions jurisprudentielles liées au Coronavirus émergeant, et cela à la lumière des dispositions médicales.

Suite à cela, Son Excellence le Secrétaire de l’Académie internationale du Fiqh islamique, le Prof. Abdul Salam Al-Abbadi a prononcé un discours dans lequel il a décrit le déroulement du symposium. Puis, Son Excellence le Président de l’Académie a repris la gestion de la session du symposium, à laquelle ont assisté des membres du Conseil de l’Academie et un certain nombre de médecins spécialistes et de savants juristes.

Après de riches interventions où furent débattues des questions d’ordre médicales et juridiques, et après avoir écouté les participants, médecins et jurisconsultes, et à travers les recherches et les exposés qu’ils ont présentés -à noter que le symposium a duré de onze heures du matin jusqu’à deux heures et demie de l’après-midi, comprenant une pause pour la prière du dohr -de treize à treize heure trente-. Le symposium a abouti à la constitution d’un comité de rédaction des recommandations, dont les membres seront cités ultérieurement.

Les participants au symposium sont parvenus aux recommandations suivantes qui prennent en compte les deux dimensions, médicales et juridiques :

1) La Définition de la maladie : La maladie du Coronavirus 2019, connue par l’abréviation covid-19, est une infection respiratoire causée par un nouveau coronavirus. L’Organisation Mondiale de la Santé a officiellement annoncé le 11 mars 2020 que cette épidémie est une pandémie mondiale. Le virus proviendrait de l’animal, mais la nature de l’animal transmetteur reste incertaine, bien que la chauve-souris et le pangolin soient suspectés.

Ceci dit, il fut prouvé que sa transmission interhumaine est très intensive. L’état des personnes infectées varie entre porteurs sains et porteurs de symptômes aigus, tels que : la fièvre, la toux et la gêne respiratoire (des cas modérés au plus graves). La maladie peut évoluer en une semaine ou plus, allant du cas modéré au plus grave. Or, une grande partie des cas graves nécessite des soins cliniques intensifs.

Le taux de mortalité parmi les cas diagnostiqués, de manière générale, est d’environ 2% à 3%, mais il varie d’un pays à l’autre, et selon la gravité de la situation. Aucun vaccin n’est disponible pour combattre cette contagion. Aussi, les mesures prises pour lutter contre l’infection restent le pilier principal de la prévention (c’est-à-dire le lavage des mains, couvrir le nez et la bouche lors de la toux, la séparation physique de ceux qui soignent les patients, en plus de ce qu’on appelle la distanciation sociale entre les personnes). La connaissance de cette maladie est incomplète et évolue avec le temps ; de plus, les coronavirus sont connus pour muter et se regrouper souvent et dans beaucoup de situations, ce qui représente un défi constant dans la compréhension de cette maladie et dans la manière d’y faire face.

2) Il est connu que la Charia islamique ainsi que ses commandements se distinguent par plusieurs caractéristiques, dont les plus importants : enlever la gêne, la tolérance, la facilitation, repousser la difficulté, et alléger les charges.

Entre autres, lorsqu’une pratique est pénible à accomplir, et que la situation atteint le degré du besoin ou de la nécessité, Allah L’Exaltée a légiféré des permissions qui rendent licites aux moukalafines (les fidèles qui sont chargés d’appliquer des commandements) ce qui est leur initialement interdit, et qui les exemptent des obligations qu’ils sont, à la base, commandés d’accomplir, et ce jusqu’à disparation de la nécessité. Ceci reflète la miséricorde, la bienfaisance et la générosité d’Allah pour ses serviteurs.

Le fiqh islamique présente des maximes juridiques (des règles jurisprudentielles) importantes régissant ce genre de situation, dont les plus importantes sont: la maxime: lever la difficulté et apporter l’aisance; la maxime: la difficulté exige la facilité; la maxime: si la situation se resserre elle doit s’élargir; la maxime: bénéficier des permissions prévaut sur l’accomplissement du devoir établi afin de préserver les vies; la maxime: nulle nuisance est permise ni à soi-même ni à autrui; la maxime: agir sur les gouvernés est lié à l’intérêt; la maxime: le gouvernant peut restreindre ce qui est permis dans les limites de ses prérogatives sur la base de l’utilité publique.

3) C’est pourquoi, protéger la vie et la santé de l’homme est considérée comme une nécessitée, et les musulmans doivent se prémunir contre les maladies autant que possible. La législation islamique a d’ailleurs exigé de venir au secours des vies et de tirer les personnes du péril, et a établi le droit légitime, pour tout individu, d’être sauvé, en se préservant des maladies et des fléaux avant leur apparition et en se soignant après leur survenue. Le Prophète, éloges et saluts sur lui, a dit : “Ô serviteurs d’Allah, soignez-vous, car Allah Le Très Haut n’a pas créé une maladie sans créer son remède, à l’exception d’une maladie, le vieillissement” (rapporté par al-Bukhari, Mouslim, Ahmad, et autres)

Car, la protection de l’âme humaine est l’un des objectifs fondamentaux de la Charia, qui comprend en plus de la protection de l’âme, la protection de la religion, de la raison, de la progéniture et des biens. Allah l’Élevé et l’Exalté a dit : «Quiconque tuerait une personne non coupable de meurtre ou de corruption sur terre, c’est comme s’il avait tué toute l’humanité. Et quiconque sauverait la vie d’une personne, c’est comme s’il avait sauvé l’humanité toute entière.” (Al-Mayda : 32)

Les autorités compétentes sont en droit de procéder à des secours et d’effectuer des interventions médicales propres aux pandémies, et ce conformément à la doctrine musulmane qui dit que : “la maladie et la guérison sont entre les mains d’Allah le Tout-Puissant, et se soigner et appliquer des remèdes font partie des causes à entreprendre, qu’Allah a déposé dans l’Univers. De plus, il n’est point permis de désespérer de la bonté d’Allah et se décourager de Sa miséricorde, au contraire il faut garder espoir dans la guérison, avec la permission d’Allah. (Voir la résolution n° 67 (5/7) de l’Academie concernant les traitements médicaux, dans sa septième session, qui s’est tenue à Djeddah, dans le Royaume d’Arabie Saoudite.) C’est pourquoi, il n’est pas permis d’introduire ce qu’on surnomme d’immunité grégaire ou d’immunité de communauté, qui appelle à d’abord laisser se propager la maladie. Cela ferait périr les plus vulnérables parmi les personnes âgées et les personnes souffrant de multiples maladies, et reviendrait également à rester passif alors que des soins légiférés sont possibles.

4) Il est du droit des États et des gouvernements de limiter les libertés individuelles pour protéger l’intérêt général, aussi bien par : la mise en quarantaine des villes, par l’imposition de couvre-feu, le confinement de quartiers en particulier, l’interdiction des voyages, l’interdiction des transactions en billets ou pièces de monnaies -et imposer des mesures nécessaires à cet effet-, par la suspension des activités, de l’enseignement ou des marchés.

Il est également indispensable de respecter les décisions des États et des gouvernements dans ce qu’on appelle la distanciation sociale ainsi que toute autre consigne contribuant à cerner le virus et à empêcher sa propagation, car les mesures prises par le gouverneur sont basées sur l’intérêt, conformément au principe de la Charia : « Le gouvernant agit sur les gouvernés selon l’intérêt. »,

5) L’hygiène dans l’Islam est une adoration et une œuvre qui rapproche l’homme à Allah. Les preuves à ce sujet sont nombreuses ; Allah le Très Haut a dit: “O les croyants! Lorsque vous vous levez pour la Salât, lavez-vous le visage et les mains jusqu’aux coudes ; passez [les mains mouillées] sur vos têtes; et lavez-vous les pieds jusqu’aux chevilles. Et si vous êtes en état d’impureté majeur «junub», alors purifiez-vous (lavez-vous tout le corps)“(al-Mayda, 6),

“Car Allah aime ceux qui se repentent, et aime ceux qui se purifient» (al-Baqara, 222),

“Et tes vêtements, purifie-les.” (Mudathir : 4)

Et le Prophète , éloges et paix sur lui, a dit :

“La propreté est la moitié de la foi” (Sahih Mouslim)

Il faut donc veiller aux règles d’hygiène personnelle de manière générale, et aussi adopter les précautions spécifiques à cette pandémie, notamment : le lavage des mains avec de l’eau et du savon, le port du masque et des gants. Se conformer aux directives sanitaires émanant des autorités responsables est une obligation légiférée pour se prémunir contre le virus. Il est permis d’utiliser des produits stérilisants contenant de l’alcool pour stériliser les mains, les surfaces, les poignées et autre, car : “selon la Charia, l’alcool n’est pas impure.” voir la résolution n° 210 (6/22) de l’Académie concernant la transformation et la dilution des additifs dans les aliments et les médicaments, lors de sa vingt-deuxième session, tenue dans l’État du Koweït.

6) L’isolation du patient infecté par le virus est une obligation légiférée, comme cela est connu. Aussi, la personne suspectée de porter le virus ou celle qui a des symptômes visibles de la maladie, pendant son confinement à domicile, est tenue de respecter ce qu’on appelle la distanciation sociale avec sa famille et ses différentes fréquentations. Et il n’est pas permis à quiconque voit apparaitre sur sa personne les symptômes de la maladie, de cacher cela aux autorités médicales concernées, ainsi qu’à ceux qu’il fréquente.

En outre, celui qui connaît une personne infectée, qui ne se soucie guère de sa maladie, doit en informer les autorités sanitaires, car son insouciance conduirait à la propagation de la maladie et à l’aggravation de la situation. Les personnes infectées doivent appliquer tout ce qui a été déclaré par les autorités médicales spécialisées. Ces dernières doivent à leur tour réprimander les personnes infectées ayant dissimulé leurs maladie.

Allah Le Très Haut a dit:

“Et ne vous jetez pas par vos propres mains dans la destruction. Et faites le bien. Car Allah aime les bienfaisants.” (al-Baqara, 195)

” Et ne vous tuez pas vous-mêmes. Allah, en vérité, est Miséricordieux envers vous.” (al-Nissaa, 29)

Concernant la peste, il y a des hadiths authentiques du Prophète, éloges et saluts sur lui :

“Lorsque vous entendez que la peste sévit sur un territoire, n’y entrez pas, et si elle sevit sur un territoire où vous vous trouvez, n’en sortez pas pour vous enfuir.” (Sahih al-Boukhari)

“Le malade ne doit pas être amené à celui qui est en bonne santé.” (Sahih Mouslim)

“Nul doit faire nuisance à soi-même, ni à autrui.” (Abou Dawoud, Ibn Majah, et Imam Malik)

“Pas un homme, qui lorsque la peste survient, demeure dans sa maison, en restant patient, cherchant la récompense, tout en sachant que rien ne le touchera excepté ce qu’Allah lui a destiné, sans qu’il n’obtienne une récompense pareille à celle du martyr.” (Sahih al-Boukhari)

7) Les médecins et les experts confirment que les rassemblements entraînent la propagation du coronavirus. C’est pourquoi des dispositions doivent être entreprises pour contrer cela, à savoir s’éloigner de tout type de rassemblement. Allah le Très Haut a dit : “O les croyants ! Prenez vos précautions.” (al-Nissaa : 71). Cela inclut la légitimité de la fermeture des mosquées pour la prière du vendredi, les cinq prières collectives, les prières de Tarawih, et la prière de l’Aïd, la suspension du Hadj et de la Omra, la suspension des activités, l’arrêt des divers moyens de transport, le couvre-feu, la fermeture des écoles et des universités, l’introduction de l’enseignement à distance, la fermeture des autres lieux de rassemblement, et tous les autres types de fermeture.

8) Bien que les rassemblements dans les Mosquées et les prières collectives soient suspendus, l’appel à la prière doit être maintenu car il s’agit d’un emblème sacré de l’Islam. Le moua’dhin doit dire dans l’appel à la prière «Priez dans vos campements ou dans vos maisons» suivant l’exemple du Messager, éloges et saluts d’Allah sur lui, dans un hadith rapporté par Ibn Omar et Ibn Abbas, qu’ Allah les agrée. Et les musulmans vivant dans la même maison prient en groupe dans leur demeure.

9) Les mosquées étant fermées, les gens prient chez eux, la prière du dohr au lieu de la prière du Joumoua, car l’accomplissement de la prière du vendredi n’est pas permis dans les foyers.

En outre, il est permis aux autorités compétentes d’organiser le prêche et la prière du vendredi dans l’une des mosquées, en veillant à ce que les conditions sanitaires et juridiques soient respectées. Cela pourra être diffusé à la télévision, à la radio, ou sur internet, afin d’en faire profiter les gens. Néanmoins, il ya lieu de signaler qu’il n’est pas permis, pour qui que ce soit priant chez lui, de suivre l’imam à l’aide de ces moyens de communication, pour la prière du Joumoua ou les prières collectives, et ce en raison de la distance qui les sépare.

10)En cas de nécessité extrême, il est permis aux personnes travaillant dans les domaines de la santé, de la sécurité et à leurs homologues, de bénéficier de la permission de regrouper les prières, en jam’ taqdeem (regroupement avancé), ou jam’ ta’akhir (regroupement retardé).

(Le regroupement involontaire (regroupement sans changer le nombre de rak’at) est pour ceux dont leur doctrine juridique ne permet pas de regrouper les prières.)

11) En ce qui concerne le jeûne du mois de Ramadan, il n’a aucune incidence sur la santé en règle générale, et n’augmente pas le risque de contamination par le virus. Il n’y a aucune preuve scientifique qui prouve que la bouche sèche réduit l’immunité face au virus, et par conséquent, le jeûne du Ramadan reste une obligation établit. D’autant plus que les médecins et les spécialistes ont affirmé que le coronavirus n’a aucun effet sur le jeûne, il n’est donc pas permis de s’abstenir de jeûner sous-prétexte du coronavirus. Le jeune est donc obligatoire pour toute personne responsable, capable, résidante (non-voyageur), et en bonne santé.

Quant au patient infecté ou suspecté de l’être, il revient au médecin traitant de décider s’il jeûne ou pas. Ainsi, les gens doivent jeûner sauf si cela peut influer sur la santé de certains d’entre eux selon l’avis des médecins dignes de confiance, qui soignent leur cas.

Les praticiens de la santé pouvant être sujet à la faiblesse et la fatigue, et pouvant être amenés à manquer le repas de l’iftar (rupture du jeune) et celui du sahoor (le repas précédant l’aube) sont dispensés de jeûner en cas de nécessité extrême. Cependant, ils devront rattraper les jours de jeûne annulés, et en cas d’incapacité de jeûner, l’expiation consiste à nourrir un pauvre pour chacun de ces jours.

Quant aux prières de Tarawih (les prières après la ‘icha pendant le Ramadan) et de Quiyyam (les veillées en prière), les musulmans l’accomplissent chez eux, et ils en seront récompensés.

12) Exhorter les États et les individus à aider toutes les personnes ayant perdu leurs moyens de subsistance, suite à cette pandémie. Allah Le Très Haut dit :

“Croyez en Allah et en Son Messager, et dépensez de ce dont Il vous a donné la lieutenance. Ceux d’entre vous qui croient et dépensent pour Allah auront une grande récompense.” (al-Hadid, 7)

“Quiconque prête à Allah de bonne grâce, Il le lui rendra multiplié plusieurs fois. Allah restreint ou étend (Ses faveurs.) Et c’est à Lui que vous retournerez.” (al-Baqara : 245)

“L’exemple de ceux qui dépensent leurs biens pour la cause d’Allah est pareil à celui d’un grain d’où naissent sept épis, et chaque épis donne cent grains. Allah multiplie la récompense à qui Il veut, et Allah est immense et Omniscient.” (al-Baqara : 261)

Le Messager d’Allah, que les éloges et la paix soient sur lui, a dit :

« Les croyants, dans l’amour, l’affection et la miséricorde qu’ils se portent, sont comparables à un seul corps. Lorsqu’un membre est affecté, c’est l’ensemble du corps qui ressent la douleur et s’enfièvre » (Sahih Mouslim)

« Le musulman est le frère du musulman, il ne l’opprime pas, et ne l’abandonne pas. Et celui qui s’évertuera à satisfaire les besoins de son prochain, Allah satisfera les siens. Et quiconque dissipe le souci d’un musulman ici-bas, Allah lui dissipera ses soucis le Jour de la Résurrection. Et quiconque dissimule les défauts d’un musulman, Allah dissimulera ses défauts ici-bas et dans l’au-delà. » (Sahih al-Boukhari et Mouslim).

Quant à l’anticipation du paiement de la Zakat pour une ou plusieurs années, cela est permis, en particulier dans ces circonstances où l’on incité à faire plus de dons. Il est également nécessaire que la communauté s’engage à faire des prêts bienfaisants et à s’entraider autant que possible. Il est essentiel d’aider et d’assister ceux qui sont dans le besoin parmi les proches, les voisins, les amis et les pauvres.

Il faut aussi subventionner les fonds de Zakat et de solidarité sociale instaurés dans plusieurs pays. Allah Le Très Haut dit : “L’aumône obligatoire ne sont destinés que pour les pauvres, les indigents, ceux qui y travaillent, ceux dont les cœurs sont à gagner à l’Islam, l’affranchissement des jougs, ceux qui sont lourdement endettés, dans le sentier d’Allah, et pour le voyageur en détresse. C’est un décret d’Allah! Et Allah est Omniscient et Sage.” (al-Tawbah, 32)

Abu Sa’id al-Khudri a rapporté, qu’Allah soit satisfait de lui: “Tandis que nous étions en voyage avec le Prophète, éloges et saluts sur lui, un homme est arrivé sur sa monture et a regardé de droite à gauche, le Messager d’Allah, éloges et saluts sur lui, dit alors : Celui qui a une monture en plus, qu’il en fasse profiter celui qui n’en a pas, et celui qui des provisions en plus, qu’il en fasse profiter celui qui n’en a pas.” Abu Sa’id al-Khudri (qu’Allah l’agrée) dit: ” Il mentionna tant de sortes de biens, que nous étions d’avis qu’aucun de nous n’avait le droit à un surplus.” (Mouslim, Abou-Daoud, al-Bayhaqi et d’autres)

En ce qui concerne la Zakat al-Fitr, c’est une obligation, d’après le hadith rapporté par Ibn Omar, qu’Allah les agrée: “Le Messager d’Allah (éloges et saluts sur lui) a prescrit Zakat al-Fitr, et il a dit : “Épargnez-leur(les pauvres) la mendicité en ce jour.”(al-Baïhaqi et al-Daraqutni), c’est à dire le premier jour de l’Aïd al-Fitr, mais lors de cette pandémie, il est permis de verser Zakat al-Fitr dès le début du Ramadan.

13) Les morts doivent être lavés et enveloppés dans un linceul, ne serait-ce qu’en les aspergeant d’eau. Si cela est impossible, alors on accomplit le tayammoum (les ablutions à sec). Si cela s’avère également impossible, on est dispensé de l’obligation du lavage, en appliquant scrupuleusement les consignes médicales

sur le takfine (l’enveloppement avec linceul) et l’enterrement. La prière mortuaire doit se faire avant l’enterrement si cela est possible, sinon elle peut être faite après l’enterrement.

Quiconque désire accomplir Salat Al-ga’ib (la prière mortuaire de l’absent), peut le faire, même individuellement, dans n’importe quel endroit disponible. Par contre, il n’est en aucun cas permis d’incinérer les corps des musulmans, et il est nécessaire de hâter l’enterrement, car le retarder est reprouvé dans le Charia. Ibn Omar, qu’Allah l’agrée, a dit : J’ai entendu le Prophète, éloges et saluts sur lui, dire: «Quand l’un de vous meurt, ne retardez pas son enterrement; mais hâtez-le vers sa tombe” (al-Baïhaqi)

14) Il est permis de laver les victimes des épidémies avec des appareils télécommandés, pourvu que le lavage mortuaire soit accompli selon les prescriptions de la Charia (càd en respectant les conditions, les obligations et les actes dites sounna -du lavage mortuaire), et dans le respect des conditions sanitaires et environnementales en vigueur. A cet effet, les musulmans spécialistes dans ce domaine sont appelés à accélérer la production de tels appareils.

15) L’expression des condoléances est recommandée, et peut s’effectuer de différentes manières pendant la pandémie. Afin d’éviter tout risque de transmission du virus, il est permis d’utiliser les différents moyens de communication, sans rendre visite à la famille.

16) Il est du devoir des musulmans, des médias, et des réseaux sociaux de prendre garde de ne pas propager des rumeurs provoquant la panique chez les gens. Nous devons tous combattre les fausses informations non fiables, afin d’éviter les conséquences négatives que cela engendre. Allah le Très Haut dit : “Il ne prononce pas une parole sans avoir auprès de lui un surveillant prêt à l’inscrire.” (Qaf : 18)

Il faut aussi exhorter à utiliser tous les moyens d’information, de publication, ainsi que les réseaux sociaux, pour sensibiliser les gens à la fois dans les domaines médical et religieux, d’une manière qui soit authentique, et pour diffuser l’ensemble des dispositions relatives à la lutte contre cette pandémie.

Répandre l’espoir et l’optimisme dans le cœur des gens, multiplier les conférences portant sur le renforcement de l’immunité. Tout cela sous la supervision des autorités officielles de chaque pays.

17) Il est important de souligner qu’il est interdit de faire circuler des fatwas contraires à celles qui émanent des conseils des savants et des organismes d’ifta approuvés, car cela risquerait de soulever une polémique concernant les concepts religieux et des contradictions dans les fatwa. Et chacun doit adhérer aux fatwas correctes émises par les autorités compétentes du pays où il vit.

18) Les gouvernements et les instances concernées doivent assurer un nombre suffisant de respirateurs afin de soigner les cas qui requièrent l’utilisation de tels appareils, et les médecins se doivent de respecter les normes médicales et éthiques. Si le nombre d’appareils est insuffisant, c’est au médecin de décider qui est le plus en droit de bénéficier de l’appareil. Tandis que s’ils sont tous égaux, un tirage au sort doit être fait entre les malades.

19) Les états et les organismes de bienfaisance se doivent de répondre à l’ensemble des besoins du personnel médical, en médicaments et en appareils médicaux, par le biais de la fabrication ou autre. Ils sont aussi appelés à faire des dons d’équipements et d’appareils médicaux aux pays et sociétés du monde entier, pour faire face à cette pandémie qui menace l’humanité toute entière.

20) En l’absence d’un remède spécifique pour traiter la maladie, et d’un vaccin pour se prémunir contre le virus, dont l’efficacité et la sécurité soient prouvées, il est impératif que les médecins et les scientifiques spécialisés, menant des recherches scientifiques pour trouver un remède et un vaccin, que leurs recherches soient non seulement conformes aux méthodologies de recherche et exigences scientifiques approuvées universellement, mais aussi conformes aux dispositions et aux règles figurant dans la résolution n° 161 (10/17) de l’Académie concernant les règles de la Charia qui régissent la recherche biomédicale sur les humains, dans sa dix-septième session, tenue à Amman, capitale du Royaume Hachémite de Jordanie. Il également nécessaire de garantir tout le soutien disponible pour ces projets, et inciter fortement à leur faire des dons.

21) Il est du devoir des gouvernements de surveiller et de fixer les prix afin d’empêcher tous monopoles, car il est interdit dans la Charia de trafiquer les prix. En outre, des stratégies économiques adaptées à la situation actuelle doivent être établies pour garantir l’approvisionnement en toutes marchandises nécessaires. Quant au stockage immodéré des marchandises, c’est interdit car cela entraine une hausse des prix, et conduit également au gaspillage réprouvé par la Charia.

22) Il est permis de conclure le contrat de mariage par le biais des divers moyens de communication, si besoin est, tant qu’il comporte les piliers et les conditions obligatoires, avec la connaissance des autorités concernées.

L’Académie avait interdit auparavant le contrat de mariage à distance, dument l’exigence de la présence de témoins. Dans cette pandémie, tous les piliers et les conditions sont requis dans le contrat de mariage tels que la présence des deux partis et des témoins. La célébration du mariage doit se restreindre aux proches parents des deux époux, avec le minimum de personne possible, tout en veillant à appliquer les consignes et les recommandations médicales.

23) Par conséquent, nous devons tous invoquer et demander la protection d’Allah Le Très Haut contre cette pandémie. Et les patients doivent se tourner vers Allah Le Très Haut, et Lui demander la guérison et le préservation, car Allah est certes le Guérisseur, Le Préservateur, Celui qui détient toute chose, selon la croyance au décret et au destin, bon ou mauvais. Allah Le Très Haut a dit : “N’est-ce pas Lui qui répond à l’angoissé quand il L’invoque, et qui enlève le mal.” (Al-Naml : 62)

Et le Prophète, éloges et paix sur lui, a dit :

“Il n’est pas une fatigue, une maladie, un souci, une tristesse, une nuisance, ou une angoisse qui touche le musulman, jusqu’à l’épine qui le pique ; sans que Allah ne lui efface à cause de cela une partie de ses péchés.” (Sahih al-Boukhari et Mouslim).

« Comme le cas du croyant est étonnant ! Son affaire ne comporte que du bien, et cela n’est réservé qu’au croyant. Si un bonheur l’atteint, il remercie Allah et ceci est un bien pour lui ; et lorsqu’un malheur le frappe, il se montre patient et cela est un bien pour lui. » (Sahih Mouslim)

24) L’Académie internationale du Fiqh islamique – affiliée à l’Organisation de la Coopération Islamique – et les participants au symposium expriment leur remerciement, leur gratitude, et font l’éloge du Serviteur des Deux Saintes Mosquées, Le Roi Salman bin Abdulaziz Al Saud, ainsi que son Prince Héritier, et à leurs frères les Rois et Chefs d’États arabes et musulmans, membres de l’Organisation de la Coopération Islamique, ainsi qu’à leurs gouvernements.

Qu’Allah les protège et les préserve tous pour leurs efforts qu’ils déploient pour faire face à cette pandémie, ainsi que tous ceux qui contribuent dans cette lutte: autorités ou acteurs, en particulier les praticiens de la santé, les agents de sécurité, et d’autres encore, qui travaillent dur et avec diligence, pour protéger la société, sa santé et sa sécurité, en se confrontant aux risques et aux difficultés, dans l’ensemble des pays arabo-musulmans et dans le monde entier.

Nous n’oublions pas de remercier et d’exprimer notre reconnaissance envers tous les fonctionnaires de l’Académie internationale du Fiqh islamique, qui ont contribué au succès de ce symposium. Qu’Allah Le Très Haut les récompense pour leurs efforts sincères et leur travail continu.

En conclusion, les participants au symposium implorent Allah, glorifié et exalté soit-Il, de soulever ce malheur, et de hâter la fin de cette pandémie sur toute l’humanité, de guérir les patients et les affligés, d’accorder Sa Miséricorde aux musulmans décédés et de leur pardonner. Il est certes Celui qui entend tout et qui répond aux invocations.

C’est d’Allah que provient la Réussite, et que les éloges et la paix d’Allah soient sur notre Prophète, maître et bien-aimé Mohamed, ainsi que sur sa famille et tous ses Compagnons.

Achevé par la grâce d’Allah et Sa miséricorde.

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Les Participants au Symposium sur le Nouveau Coronavirus

Savants juristes

1. E. Prof. Koutoub Moustapha SANO

Membre de l’Académie,

Ministre d’État aux affaires diplomatiques de la République de Guinée.

2. E. Dr Mohamed AL-KHALAYLA

   Ministre des Awqaf, Affaires islamiques et des Lieux saints, Royaume Hachémite de Jordanie.

3. E. Dr Abdul al-Nasser Abu al-Bassal

Ancien ministre des Awqaf, Affaires islamiques et des Lieux saints, Royaume Hachémite de Jordanie.

4. Dr Ahmed Abdul al-Aziz al-Haddad

Membre de l’Académie,

Grand Moufti du Département des affaires islamiques et des activités caritatives à Dubaï.

5. Dr Ahmed bin Humaid

Enseignant à faculté de la charia et d’études islamiques, Université Umm al-Qura, Makkah al-Mukarramah.

6. Dr Hasan Safar

Enseignant des systèmes de gouvernance et d’études islamiques, Université Roi Abdul Aziz, Djeddah.

7. Dr Abdulrahman al-Jurai

Enseignant à la Faculté de Charia, Université Roi Khaled, Abha.

8. Dr Mohamed Abed al-Sawat

Maître de conférences associé, Faculté des études islamiques et de la charia, Université Umm al-Qura, Makkah al-Mukarramah.

9. Dr Mayada Hassan

Professeur du Fiqh et ses fondations,

Université Roi Faisal à Al-Ahsa.

10. Dr Ilham Bajunaid

Professeur du Fiqh et ses fondations,

Université Roi Abdulaziz,

Djeddah.

11. Dr Abdulqahir Qamar

Directeur du Département des Encyclopédies, des Glossaires et du Rapprochement entre les Madhahib, à l’Académie.

12. Dr Ismail Cebeci

Directeur du département de recherche et d’études de l’Académie.

13. Dr Mohamed Mustafa Shuaib,

Chef du sous-département de la Fatwa.

Médecins

1. Dr Mohamed Ali al-Bar

Directeur du Centre d’éthique médicale, Centre médical international, Djeddah.

2. Dr Hassan Chamsi-Bacha

Consultant en cardiologie, Hôpital des Forces Armées Roi Fahd.

3. Dr Yaqub al-Mazru

Chef de la commission exécutive du groupe consultatif islamique.

4. Dr Abdullah Aljoudi

Consultant en médecine communautaire,

Chef du comité d’éthique, Hôpital Universitaire Roi Fahd, Khobar.

5. Dr Abdulrahman al-Mazru

Doyen de la Faculté de médecine,

Superviseur général des collèges al-Rajhi.

Membres et Experts de l’Académie et d’autre

institutions

1. Dr Abdul Satar Abu Ghuddah

Membre de l’Académie, président et Secrétaire général du conseil de la charia du groupe bancaire al-Barakah.

2. Dr Mohamed al-Bachari

Membre de l’Académie, Secrétaire général du Conseil mondial des communautés musulmanes, aux EAU.

3. Amb. Eskar Mosinov

Secrétaire général adjoint des affaires scientifiques et technologiques, OCI.

4. Dr Omar Zuhair Hafez

Ancien Secrétaire général des institutions bancaires et financières islamiques

Membre du Conseil de Surveillance du Fond Waqf de l’AIFI.

5. Dr Abdul al-Ilah bin Arafah

Représentant de l’ISESCO (ISESCO).

Les Membres du Comité de Rédaction

1. Son Excellence Prof. Abdul Salam Dawood AL-ABBADI, Secrétaire-Général de l’Académie internationale du Fiqh islamique (chef du comité).
2. Son Excellence Prof. Koutoub Moustapha SANO, membre de l’Academie, Ministre d’État chargé des affaires diplomatiques de la République de Guinée et conseiller diplomatique de Son Altesse le Président de la République (membre).
3. L’Honorable Dr Abdullah Aljoudi, consultant en médecine communautaire, président du comité d’éthique à l’Hôpital Universitaire du Roi Fahd, Khobar (membre).
4. L’Honorable Dr Ilham Bajunaid, professeur de fiqh et de ses fondements, au département de la Charia et des études islamiques, Université du Roi Abdulaziz, Djeddah (membre).
5. L’Honorable Dr Mayada Hassan, professeur agrégé de fiqh et de ses fondements à l’Université du Roi Fayçal (membre).
6. L’Honorable Dr Abdulqahir Qamar, directeur du département des encyclopédies, des glossaires, et du rapprochement des écoles juridiques, à l’Académie (membre).
7. L’Honorable Dr Ismail Cebaci, directeur du département des études et de la recherche, à l’Académie (membre).
8. L’Honorable Dr Mohamed Mustafa Shuaib, chef du sous-département de la fatwa, à l’Academie (membre).
9. L’Honorable M. Jawzi Lardjane, chef du département de traduction.