CONCERNANT «LE DÉVELOPPEMENT DES RESSOURCES HUMAINES DANS LE MONDE ISLAMIQUE»
14 July، 2007

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges et le salut soient

Sur notre Maître Mohamed, Ultime Messager, sur les siens et sur ses compagnons

RÉSOLUTION N° 164 (2/18)

CONCERNANT

« LE DÉVELOPPEMENT DES RESSOURCES HUMAINES DANS LE MONDE ISLAMIQUE »

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh Islamique de l’Organisation de la Conférence Islamique réuni en sa 18e session à Putrajaya (Malaisie) du 24 au 29 Joumada Thani 1428H (9-14 Juillet 2007) ;

Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « le développement des ressources humaines dans le monde islamique » et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet ;

DÉCIDE CE QUI SUIT :

Premièrement : Le terme « ressources humaines » renvoie aux capacités et aux compétences de l’être humain, qui est à la fois la finalité et le moteur du processus du développement, car il assume la responsabilité de civiliser et développer la Terre, comme le dit le Noble Coran : « C’est Lui qui vous a constitués à partir de la terre et qui vous y a établis » (Houd : 61), et : « Quand ton Seigneur dit aux anges : « Je vais placer, sur la terre, un vicaire ». (Al-Baqarah : 30).

Deuxièmement : Le concept islamique du développement humain procède de cette vérité axiomatique qui est que le développement de la Terre et l’accomplissement du vicariat sont irréalisables si l’être humain n’est pas préalablement préparé à remplir cette mission avec efficacité et compétence. D’où la nécessité de cultiver et de développer ses capacités intellectuelles, physiques et spirituelles, afin d’élever et de libérer toutes ses potentialités.

Troisièmement : Le processus de développement des capacités et des compétences humaines, indispensable à la réalisation des objectifs de développement intégré, tel que perçu par l’Islam, ne peut se concrétiser qu’au travers de l’éducation, de l’enseignement et de la formation. À cet égard, l’Académie réaffirme sa résolution n°138/4/25 sur les programmes d’enseignement qui comporte plusieurs recommandations dont notamment :

  • Les thèmes et cursus éducatifs seront conçus en fonction de la perspective islamique et en mettant l’accent sur les divers aspects de la vision islamique (foi, Chari’a et mode de vie) dans le contenu des cours.
  • La mise à niveau et le développement des programmes dans les différents pays islamiques en vue de refléter et de concilier à la fois l’authenticité islamique et la modernité ; et ce de manière autonome et en dehors de toute ingérence extérieure.
  • L’épuration de toutes les matières et disciplines de tous les concepts allogènes et non conformes aux principes islamiques.
  • Assurer la scolarisation obligatoire et gratuite dans le primaire et du collège dans tous les pays islamiques afin d’éradiquer l’analphabétisme et d’inculquer aux jeunes générations les principes islamiques et les connaissances modernes.
  • Abolir la dualité actuelle des systèmes éducatifs et adopter un système tirant sa source dans les données et principes islamiques, sans pour autant négliger les impératifs contemporains et les connaissances nécessaires à chaque spécialité, afin de former les apprenants pour leur donner les moyens d’affronter les défis immédiats et futurs.

  • Demander au Secrétariat général de l’Académie Islamique du Fiqh d’organiser – en coordination avec l’Organisation Islamique pour l’Éducation, la Science et la Culture (ISESCO) et les autres parties concernées – un séminaire thématique sur « le renouveau des programmes de l’enseignement », et mettre à profit les efforts antérieurement déployés dans ce domaine en vue d’élaborer une stratégie exhaustive pour le développement des programmes éducatifs à l’échelle du monde islamique. Les conclusions de ce séminaire seront par la suite communiquées à l’Organisation de la Conférence Islamique qui les soumettra à son tour à l’appréciation des Ministres de l’Éducation des pays islamiques.

Quatrièmement : Le concept de « savoir utile » ne doit pas se limiter aux sciences religieuses. Ce concept englobe également les autres sciences profanes qui sont utiles à la Oumma et à l’humanité ; car l’acquisition de ces connaissances profanes constitue un devoir collectif (Fardh Kifaya) pour tous les Musulmans aussi longtemps qu’elles servent les intérêts de la Oummah.

Cinquièmement : Les cursus dédiés à la formation et au développement des ressources humaines doivent intégrer les principes islamiques et les valeurs culturelles consubstantielles au dogme et aux principes fondamentaux de la Oummah qui encouragent le musulman à s’attacher d’accomplir de bonnes œuvres et font naitre en lui l’espoir. Parmi les plus importantes de ces valeurs islamiques, citons l’ambition, le sens de la responsabilité et l’esprit d’initiative, la concertation, l’esprit d’équipe, la ponctualité, la confiance en soi, le dialogue constructif, le respect des autres opinions, la critique objective, le respect des érudits et des spécialistes et l’appréciation du savoir et de la science, l’encouragement de l’effort de réflexion, la liberté responsable, l’équité, l’honnêteté, la modernité, l’aptitude à voir loin et le respect des valeurs du travail.

Sixièmement : Les institutions concernées se doivent d’accorder une importance conséquente à la planification éducative et s’efforcer de relier ce travail de planification aux besoins à long terme de la société musulmane afin d’établir une corrélation adéquate entre le développement humain et la réalisation des objectifs de développement intégré à travers la perspective islamique.

Septièmement : Il existe un besoin avéré en termes de formation pour pouvoir disposer de responsables qualifiés et capables de prendre en charge la gestion et la promotion des différents établissements d’enseignement et de formation pluridisciplinaires notamment dans les spécialités requises par la Oummah islamique. La compétence et l’intégrité sont les qualités premières exigées de ces futurs leaders comme nous le rappelle le Verset coranique : « Place-moi à la tête des magasins de ce pays ! Je suis bon gardien et très savant » (Joseph : 53). Il est également rapporté que le Prophète (PSL) a dit à Abou Zarr : « Tu es faible et ceci est une mission de confiance qui risque de générer honte et regrets au Jour du Jugement dernier, sauf si elle a été accomplie convenablement et scrupuleusement » (Hadith cité par l’Imam Muslim dans son Sahih).

Huitièmement : La promotion de la recherche scientifique et l’encouragement des dépenses allouées à ce chapitre, eu égard à l’importance de son rôle dans le développement humain de personnes utiles à la Oummah et dans la satisfaction des besoins multiples de celle-ci.

Neuvièmement : En raison d’un grand pourcentage d’analphabétisme féminin dans maintes contrées du monde musulman, l’Académie est amenée à réaffirmer ici la nécessité de pourvoir à l’éducation et à l’enseignement des femmes pour les habiliter à assumer un rôle conséquent dans le développement et l’essor de la société musulmane. À cet égard, l’Académie confirme à nouveau sa résolution n°114/8/12 relative à la « Déclaration islamique sur le rôle des femmes dans le développement de la société musulmane », de même que toutes les autres résolutions pertinentes.

Dixièmement : Le moyen le mieux indiqué pour promouvoir les compétences humaines nécessaires à la réalisation des objectifs des programmes d’enseignement, de formation et de développement intégré, c’est de veiller à inscrire cette démarche dans un souci permanent de complémentarité et d’osmose avec les autres composantes du développement, notamment:

  • L’application de la Charia dans les différents domaines du vécu. À cet égard, l’Académie réaffirme sa résolution n°48(10/5) sur l’application des règles de la Charia islamique.

  • La propagation des concepts de «liberté responsable », d’équité, de sécurité dans son acception globale, le bannissement du despotisme, l’application des principes des droits de l’homme sur la base des buts ultimes et des principes généraux de la Charia, comme le stipule la Charte islamique des Droits de l’Homme entérinée par l’Académie.

Onzièmement : Encouragement des efforts déployés par certains pays, à l’instar de la Malaisie et d’autres pays islamiques, et leurs réussites en termes de développement et de valorisation du capital humain.

RECOMMANDATIONS :

  • Entreprendre une série d’études et organiser des séminaires sur le phénomène de la fuite des cerveaux dont sont victimes les pays islamiques afin d’en identifier les causes sous-jacentes et de proposer des plans d’action pour y remédier et des contre-mesures destinées à en atténuer l’impact.
  • Veiller à établir la coordination, la coopération et la complémentarité qui s’imposent entre les États islamiques dans les domaines de l’éducation, de l’enseignement, de la culture et de la formation et profiter des expériences utiles dans ce domaine, en ayant à l’esprit le verset coranique : « Entraidez-vous dans la bonté pieuse et la piété ! Ne vous entraidez point dans le péché et l’abus de droit ! Soyez pieux envers Allah ! Allah est redoutable en Son châtiment » (Al-Maidah : 3). Cette démarche permettra de confirmer le contenu de la résolution de l’Académie 96(1/11) concernant l’unité de la Oummah.
  • Encourager la création d’instituts spécialisés et de centres académiques pour répondre aux besoins de développement humain et prendre en charge les jeunes talents et les éléments les plus doués.
  • Organiser un colloque sur le transfert de technologie et son implantation dans les pays islamiques parallèlement à l’encouragement de l’enseignement électronique.
  • Mettre à profit l’expérience de certains pays islamiques et autres dans le domaine de la lutte contre l’analphabétisme et de la promotion de l’enseignement professionnel et technique.
  • Établir des canaux de communication et de coopération entre le monde musulman et les scientifiques musulmans expatriés.

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