CONCERNANT «LA CHIRURGIE ESTHÉTIQUE ET LA RÈGLEMENTATION PERTINENTE»

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges et le salut soient

Sur notre Maître Mohamed, Ultime Messager, sur les siens et sur ses compagnons

RÉSOLUTION N° 173 (11/18)

CONCERNANT

« LA CHIRURGIE ESTHÉTIQUE ET LA RÈGLEMENTATION PERTINENTE »

Le Conseil de l’Académie Internationale du Fiqh Islamique, de l’Organisation de la Conférence Islamique réuni en sa 18e session à Putrajaya (Malaisie) du 24 au 29 Joumada Thani 1428H (9-14 Juillet 2007) ;

Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « la chirurgie esthétique et la réglementation pertinente », et ayant suivi les vastes débats qui se sont déroulés à ce sujet ;

DÉCIDE CE QUI SUIT :

Premièrement : Définition de la chirurgie esthétique

La chirurgie esthétique est une partie de la médecine humaine qui consiste à améliorer ou à modifier la forme d’un organe apparent du corps humain, ou à rétablir le fonctionnement normal de cet organe en cas de dysfonctionnement sévère.

Deuxièmement : Conditions générales pour la pratique de la chirurgie esthétique

  • L’intervention doit avoir une utilité reconnue par la Charia comme le rétablissement d’une fonction, la correction d’une malformation ou la reconstitution de la forme originale d’une partie du corps humain.

  • Les avantages escomptés doivent l’emporter sur les inconvénients éventuels. La décision finale reviendra, en l’occurrence, aux spécialistes compétents et fiables.

  • L’intervention sera pratiquée par un médecin, homme ou femme, spécialisé et compétent ; faute de quoi la responsabilité du praticien se trouvera engagée en vertu de la résolution n° 142(8/15) de l’Académie.

  • L’intervention doit être autorisée par le patient (demandeur de l’intervention).

  • Le médecin doit expliquer clairement au patient les risques encourus et les complications éventuelles pour une telle intervention.

  • Il ne doit pas y avoir une forme de traitement moins invasive que la chirurgie.

  • L’intervention ne doit pas aller à l’encontre des textes de la Charia, comme le Hadith rapporté par Ibn Massoud : « Allah maudit les femmes qui tatouent les autres et celles qui se font tatouer, celles qui épilent les sourcils et celles qui se les font épiler et celles qui se liment les dents pour paraître plus belles et qui modifient la création d’Allah» (Rapporté par Al-Boukhari). De même que le hadith rapporté par Ibn Abbas : « Maudites soient celles qui rallongent leur chevelure naturelle par des postiches, épilent les sourcils ou se font tatouer sauf pour cause de maladie » (Rapporté par Abou Daoud). De surcroît, le Prophète (PSL) a formellement interdit aux hommes d’imiter les femmes et aux femmes d’imiter les hommes, tout comme il nous a mis en garde contre l’imitation des autres nations ainsi que ceux connus pour leurs mœurs dissolues et leur caractère débauché.

  • Les autres règles de procédure médicale stipulées par la jurisprudence islamique doivent être également strictement observées : l’interdiction faite à un homme et une femme de s’isoler des autres et de retrouver en tête à tête, et l’interdiction de dévoiler à d’autres sans nécessité absolue une partie des organes intimes du corps.

Troisièmement : Prescriptions de la Charia

  • Il est légalement admissible de pratiquer les interventions de chirurgie esthétique jugées nécessaires et indispensables dans le but de :

  • Restaurer la forme originelle d’un organe du corps humain, car Allah nous dit : « Nous avons certes créé l’homme dans la forme la plus parfaite » (Al Tin : 4).

  • Rétablir les fonctions normales des différents organes.

  • Corriger les malformations congénitales telles que bec-de-lièvre, courbe importante du nez, marque de naissance, doigt ou dent supplémentaires, doigts ou orteils collés, lorsque ces défauts entraînent des gênes physiques ou psychologiques sévères.

  • Corriger des malformations consécutives à des brûlures graves, accidents, maladies et autres traumatismes, comme : la transplantation ou la greffe de peau, la mammoplastie après ablation complète ou partielle d’un sein si sa taille entraine un cas pathologique et la greffe de cheveux en cas de chute en particulier pour les femmes.

  • Supprimer une malformation disgracieuse et susceptible de constituer une source de traumatisme physique ou psychique (résolution n°26(1/4) de l’Académie.

  • Il n’est pas permis de pratiquer des interventions de chirurgie esthétique non destinées à soigner un état pathologique, et à seule fin de modifier l’apparence saine de la personne dans le but de suivre ses passions ou le désir d’imiter les autres.

C’est le cas notamment du remodelage du visage, du nez, du contour des lèvres, des yeux ou des joues pour avoir une apparence particulière, ou pour tromper les autres, fuir la justice

  • La réduction de la masse pondérale par le recours aux moyens scientifiques appropriés dont la chirurgie (liposuccion) est licite si la surcharge pondérale (obésité) est un cas pathologique et qu’il n’existe ait pas d’autre moyen moins risqué d’y remédier que par la chirurgie et à condition qu’il n’y ait pas de danger.

  • Il n’est licite de faire disparaitre les rides par voie chirurgicale ou par injection sauf en cas de pathologie confirmée et à condition que l’intervention soit sans danger.

  • Le rétablissement d’un hymen déchiré à la suite d’un accident ou d’un viol ou sous la contrainte est licite. A contrario, ce type d’intervention est proscrit par la Charia en cas d’adultère ou de fornication, afin de ne pas encourager le vice et la falsification. Le rétablissement de l’hymen doit être, de préférence, confiée à des femmes médecins.

  • Les médecins spécialisés dans la chirurgie plastique doivent scrupuleusement observer les règles de la Charia islamique dans l’exercice de leur profession et faire preuve de dévouement à l’intérêt de leurs patients, car le dévouement est un aspect essentiel de la religion (« la religion est dévouement»)

RECOMMANDATIONS :

  • Il incombe aux hôpitaux publics, aux cliniques privées et aux praticiens de redouter le courroux divin et donc de s’abstenir de pratiquer les formes prohibées d’interventions de chirurgie plastique et esthétique.

  • Il incombe également aux médecins et aux chirurgiens d’approfondir leur connaissance de la déontologie médicale notamment dans le domaine de la chirurgie ésthétique. Leur décision d’accepter ou de refuser de pratiquer de telles opérations ne doit pas dépendre uniquement de la recherche du gain matériel. Ils doivent s’assurer de la légalité du type d’intervention réclamée et éviter toute publicité contraire à la réalité.

Allah est plus Savant

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